C’est contre-intuitif mais on peut être en surpoids et dénutri. « Chez les enfants, qui ont une appétence pour les produits à forte densité énergétique, on observe fréquemment des carences nutritionnelles en fer, vitamine D mais aussi calcium, vitamine B 12 et C », explique la Pr Béatrice Dubern, gastro-pédiatre à l’hôpital Trousseau (Paris), qui recommande leur dépistage annuel chez l’enfant en surpoids : hémogramme, ferritinémie, vitamine D, parathormone (la calcémie n’est pas contributive, en raison de l’adaptation du métabolisme osseux), avec un bilan plus complet en cas de régime restrictif spécifique (vitamine B 12, C…).
Les relations entre carences et obésité semblent bidirectionnelles, puisque des études récentes montrent que l’hypovitaminose D et la carence mariale joueraient un rôle dans le développement de l’obésité et des atteintes hépatiques (Nash). Et l’obésité augmente de 30 % le risque d’avoir une carence en fer et de 35 % celui d’être carencé en vitamine D (25 % en cas de surpoids).
Une sensibilité accrue à la cause animale
Chez tous les enfants, la diminution de la consommation des produits laitiers et les réticences vis-à-vis des produits carnés ont rendu plus difficile d’atteindre les objectifs nutritionnels. À l’adolescence, les besoins en fer sont doublés : 2 mg/j, soit 360 g de viande ou 4 kg de légumes secs cuits, ou encore 2,6 kg d’épinards par jour. Impossible ! Il faut donc poser la question systématiquement aux enfants : « mangez-vous de la viande, du poisson et des œufs au moins une fois par jour ? ». Si non, en explorer les raisons : est-ce un simple dégoût (dans ce cas on pourra proposer de les intégrer aux préparations : tartes, hachis parmentier, bolognaises, riz cantonais pour la viande…), ou d’une conviction écologique, ou spirituelle ? « Les enfants ont le droit d’avoir un régime végétarien ou végétalien, martèle la Pr Dubern, mais il faut alors s’assurer qu’ils sont suivis par un nutritionniste et que leurs carences soient corrigées. »
En pratique, une alimentation végétalienne nécessite une supplémentation avec 2-3 mg/kg/j de fer (après dosage de la ferritinémie), 50 000 UI vitamine D tous les 2 mois, 250 µg de vitamine B12 tous les 10 jours, et une supplémentation en EPA/DHA à base de microalgues de 1 g/j. Il faudra aussi qu’ils consomment des steaks de soja, tofu, légumineuses et céréales complètes.
Moins fréquent que celui de la viande, le dégoût du lait pourra être géré de la même manière, en proposant d’intégrer du fromage râpé, de la crème ou du gruyère dans les préparations : tartes, purées, gratins, riz au lait, etc. En cas de refus par conviction, il faut proposer des boissons végétales enrichies en calcium et des eaux richement minéralisées (contrex, hepar, courmayeur). Souvent, c’est l’organisation familiale des repas qui est en cause, avec une disparition du petit-déjeuner, qui a subi une baisse régulière depuis les années 2010, sans report des produits laitiers sur le reste de la journée. Dans ce cas, il faudra multiplier les sources de calcium, notamment au moment du goûter en limitant l’achat de jus de fruits.
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