LA GROSSESSE induit des changements de physiologie thyroïdienne, avec un besoin accru en thyroxine. Le besoin accru est lié à une augmentation de la synthèse de la TBG (Thyroid-Binding Globulin) par le foie sous l’effet de la stimulation par les estrogènes, une stimulation directe de la thyroïde par l’hCG (Human Chorionic Gonadotrophin), et enfin une augmentation du métabolisme des hormones thyroïdiennes dans le placenta.
Quand les apports en iode sont suffisants (200-250 µg/jour), la machinerie thyroïdienne s’adapte rapidement pour augmenter la production de thyroxine totale (TT4) et maintenir des taux stables de thyroxine libre (FT4). À la fin de la grossesse, les taux de FT4 sont de 10 à 15 % inférieurs à ceux d’une femme en bonne santé non enceinte.
En France comme dans beaucoup de pays européens, les apports en iode sont inférieurs à 100 µg/jour. Cette carence modérée en iode peut entraîner une hyperstimulation thyroïdienne et des modifications de son activité.
Cerveau et système nerveux du fœtus.
La FT4 maternelle, qui traverse la barrière fœtoplacentaire, est un déterminant du bon développement du cerveau et du système nerveux du fœtus. Une insuffisance thyroïdienne de la mère peut avoir des conséquences néfastes sur le développement neuropsychique du fœtus et de l’enfant par la suite.
Par ailleurs, la validité de l’interprétation du dosage sérique de la FT4 dans ce contexte est controversée.
« L’objectif de notre étude a été d’évaluer de façon prospective la variation de la fonction thyroïdienne au 3e trimestre de la grossesse dans le contexte d’une carence légère en iode, ainsi que la pertinence du dosage de la FT4 par la méthode immunosérologique », expliquent N.Bourcigaux, F.Duron et coll. (Service d’endocrinologie de l’hôpital Saint-Antoine, Paris).
La fonction thyroïdienne de 114 femmes parisiennes enceintes et en bonne santé (sans maladie de la thyroïde), avec une insuffisance modérée d’apport en iode, a été étudiée au troisième trimestre de la grossesse, ainsi que pour 55 d’entre elles, trois mois après l’accouchement. Les résultats ont ensuite été comparés aux valeurs recueillies dans une population américaine équivalente.
Les résultats montrent qu’une augmentation de la TBG circulante est observée chez toutes les personnes incluses dans l’étude.
Les taux de la FT4 sont diminués chez 30 % de ces femmes au 3e trimestre de la grossesse. Dans les résultats américains, cette insuffisance de production de la FT4 ne concerne que 10 % à 15 % des femmes.
Une augmentation de la sécrétion de la TT4 est présente chez 27 % des femmes du groupe, tandis que cela concerne 50 % de la population américaine considérée.
Les analyses statistiques montrent une corrélation positive entre les taux de TT4 et de TBG, entre les taux de TT4 et de FT4, et aussi entre les taux de FT4 et l’index de thyroxine libre (FTI).
« L’hypothyroxinémie au troisième trimestre de la grossesse est fréquente dans la population française », en déduisent les auteurs. Dans la région parisienne où il existe un déficit léger en iode, la thyroïde semble incapable d’établir l’équilibre nécessaire pendant la grossesse. Toutefois, « la carence iodée modérée a pu être responsable de l’augmentation insuffisante de TT4. Par conséquent, l’incapacité de la thyroïde d’établir l’équilibre exigé pourrait être corrigée par une supplémentation systématique en iode avant la grossesse ».
Et enfin, « la forte corrélation entre la FT4 et le FTI suggère que la qualité du dosage de FT4 est appropriée pour estimer la sécrétion de cette hormone pendant la grossesse. »
Annales d’Endocrinologie, 71 (2010) 519-524.
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