Le syndrome d’apnées du sommeil est une pathologie fréquente, touchant particulièrement les hommes de plus de 50 ans, en particulier en situation d’excès pondéral. Il apparaît qu’au-delà des facteurs de risque communs, les patients diabétiques présentent fréquemment un syndrome d’apnées du sommeil, davantage que la prévalence observée chez des patients de même sexe, âge ou degré d’adiposité.
Le syndrome d’apnées du sommeil modéré à sévère (au-dessus de 15 événements apnéiques ou hypopnéiques par heure) est retrouvé chez 25 à 50 % des patients diabétiques de type 2. De même, chez les patients évalués dans les cliniques du sommeil en Europe (Cohorte ESADA), ceux qui présentent un syndrome d’apnées du sommeil sévère sont diabétiques dans 30 % des cas.
Majoration de l’insulinorésistance
Dans les différentes études qui ont analysé l’influence du syndrome d’apnées du sommeil sur le métabolisme du glucose, on retrouve de manière unanime, une altération de l’insulinosensibilité chez les patients apnéiques, même lorsqu’on tient compte du facteur confondant que représente l’obésité viscérale de ces patients. De plus, Pamidi et coll (1) ont démontré que des patients jeunes, de poids normal, avaient une moins bonne sensibilité à l’insuline au test d’hyperglycémie provoquée orale que des sujets contrôles non apnéiques. Il est donc certain que le syndrome d’apnées du sommeil majore l’insulinorésistance, et par là, contribue à faire le lit du diabète de type 2.
Lien avec l’HbA1c
La cohorte ESADA a montré par ailleurs que les patients diabétiques avaient une HbA1c plus élevée lorsqu’ils présentaient un syndrome d’apnées du sommeil sévère. En France, la cohorte sommeil du sud-ouest de la France (cohorte IRSR) a montré une relation proportionnelle entre HbA1c et sévérité du syndrome d’apnées du sommeil chez les patients diabétiques non encore traités pour le diabète, alors que cette relation n’est pas retrouvée pas chez les patients diabétiques déjà traités pour leur diabète.
Un effet incertain de l’intervention sur le diabète
Fort de ces éléments liant insulinorésistance et apnées du sommeil, équilibre du diabète et apnées du sommeil, plusieurs travaux ont étudié l’effet que pouvait avoir le traitement de l’apnée du sommeil par pression positive continue (PPC) sur le métabolisme glucidique et sur l’équilibre du diabète. Plusieurs études observationnelles, non contrôlées, ont retrouvé soit une amélioration de l’insulinosensibilité, soit une amélioration du profil glycémique nocturne, soit une amélioration de l’HbA1c après plusieurs mois de traitement par PPC. Toutefois, un seul essai randomisé contrôlé a comparé une PPC « placebo » avec une PPC efficace pour l’évolution de ces paramètres du métabolisme glucidique. Il n’a trouvé aucune différence d’insulinosensibilité, d’HbA1c, d’indice HOMA-IR ou des taux d’adiponectine.
D’autres essais randomisés contrôlés sont en cours, ils ne sont pas encore publiés. Il faudra d’ailleurs s’assurer que leurs résultats, s’ils sont négatifs, soient bien relayés dans la littérature scientifique, afin d’éviter un biais de publication et de connaissance. On sait en effet qu’il reste difficile de publier certains résultats négatifs. Dans l’attente des résultats de plusieurs autres études en cours, on peut retenir aujourd’hui, qu’après quelques études observationnelles encourageantes, la première et seule étude « randomisée et contrôlée » n’a pas prouvé d’effet favorable du traitement de l’apnée du sommeil sur le métabolisme glucidique, donc sur le contrôle glycémique du diabétique.
Traiter pour le risque cardiovasculaire
Malgré cette absence d’effet démontré sur l’équilibre ou le métabolisme glucidique, y a-t-il néanmoins un intérêt à traiter le syndrome d’apnées du sommeil chez le sujet diabétique ? Dans de nombreuses études de cohorte, ce trouble respiratoire du sommeil a été montré comme associé à un surrisque cardiovasculaire, en particulier pour les accidents vasculaires cérébraux (2). Dans ces cohortes, il a été également démontré que le traitement par PPC permet de corriger cet excès de risque cardiovasculaire attribuable à l’apnée du sommeil.
Au titre de la prise en charge globale des facteurs de risque cardiovasculaires des patients diabétiques, il semble donc indispensable de dépister et traiter si nécessaire le syndrome d’apnées du sommeil, au même titre que l’on dépiste et prend en charge la dyslipidémie ou l’hypertension artérielle. C’est d’ailleurs sur ce dernier facteur de risque cardiovasculaire que le traitement par PPC semble avoir le plus d’effet : plusieurs études de cohorte ou d’études randomisées ont démontré un effet favorable significatif de la PPC pour réduire la pression artérielle, y compris chez des patients diabétiques de type 2.
(1) Pamidi Diab Care 2013
(2) méta-analyse, Wang et coll. Int J of Cardiol 2013
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024