« DANS L’ATTENTE du résultat de l’évaluation européenne, l’AFSSAPS recommande aux prescripteurs, par mesure de précaution, de réserver le traitement par hormone de croissance synthétique aux situations cliniques pour lesquelles le bénéfice escompté est grand, tel que le déficit en hormone de croissance. Par ailleurs, pour les enfants traités, l’AFSSAPS rappelle aux prescripteurs la nécessité de respecter strictement les conditions de prescriptions des hormones de croissance et en particulier les doses recommandées. » Cet avis de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé fait suite aux premiers résultats de l’étude SAGHE (santé Adultes GH Enfant). Ils rapportent « une surmortalité par rapport à celle observée dans la population générale. Le risque augmente chez les patients ayant reçu de fortes doses, au-delà de celles autorisées dans les AMM. »
En France, sur la période d’observation, 70 décès sont habituellement observés pour 7 000 personnes. Chez les 7 000 sujets traités et enrôlés, 93 décès ont été relevés, soit 23 de plus que ceux attendus. La surmortalité est liée à la survenue de complications vasculaires cérébrales (hémorragies) et de tumeurs osseuses. En revanche, aucune augmentation des décès par cancers. Ces 7 000 personnes représentent la grande majorité des patients traités par l’hormone de croissance de synthèse. Il s’agit de ceux l’ayant reçue dans le cadre d’un déficit hormonal isolé (en l’absence d’autre pathologie endocrinienne ou tumorale) ou d’une petite taille idiopathique.
D’autres facteurs risquant d’influer.
Cependant le caractère observationnel du travail ne permet pas d’établir avec certitude une relation de cause à effet. Notamment il ne peut éliminer d’autres facteurs risquant d’influer sur la surmortalité. C’est pourquoi les données de l’étude SAGHE demandent à être confirmées dans d’autres populations. L’AFSSAPS a donc fourni ces résultats à l’agence européenne du médicament (EMA), laquelle devrait réexaminer les conclusions et établir d’éventuelles recommandations. En outre, des compléments par des études de morbidité devront discerner d’autres facteurs susceptibles d’avoir influé sur la mortalité.
L’objectif de l’étude SAGHE, mise en place en 2007, est de surveiller sur le long terme les conséquences du traitement par une hormone de croissance recombinante, utilisé depuis 1985. Elle doit actualiser les connaissances et évaluer l’état de santé des jeunes adultes traités dans leur enfance. De fait, peu de choses sont connues sur ces jeunes adultes, traités voici quelque dix à vingt ans.
Grâce au registre de l’Association France Hypophyse, il apparaît qu’environ 10 000 jeunes adultes ont été traités de 1985 à 1996. Un nombre identique de patients est actuellement sous traitement, puisque selon les relevés de remboursements de l’Assurance-maladie, ils sont environ 10 000.
L’étude SAGHE a été bâtie en deux temps. Dans sa première partie, les investigateurs se sont penchés sur les causes de décès selon la base de données de l’INSEE. Ils y ont associé les résultats du centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès. Dans le second temps, des questionnaires ont été adressés à des patients concernant leur état de santé. Les retours sont en attente.
L’Agence a informé les professionnels de santé, les endocrinologues et pédiatres en priorité. L’information sera également portée à la connaissance des patients. Un numéro vert est ouvert depuis le 10 décembre : 0800 007 120.
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