La nourriture constitue le premier plaisir de la vie : il suffit de constater l’effet calmant et réconfortant d’un biberon de lait chez un nourrisson en pleurs. « Les tout-petits, filles comme garçons, sont égaux face à la faim. Pour les calmer, il est nécessaire de leur procurer un sentiment de satiété », souligne Caroline Weill, psychologue et psychanalyste clinicienne à Paris. La faim – qui obéit à un besoin fondamental – doit néanmoins être distinguée du plaisir d’avoir quelque chose en bouche (chocolat, sucreries…). La notion de plaisir, les goûts et les choix alimentaires, sont influencés par l’environnement au sein duquel vit l’enfant, dès son plus jeune âge. « La femme endosse une fonction nourricière : c’est généralement elle qui assure l’équilibre alimentaire de la famille. Et elle a souvent tendance à nourrir et à éduquer les garçons différemment des filles. Cela se traduit dans l’assiette. Ainsi, par exemple, l’injonction ‘finis ton assiette’ s’adresse-t-elle plus particulièrement aux garçons », note Caroline Weill. Les parents trouvent plus naturel de nourrir davantage ces derniers : ils leur prêtent des besoins physiologiques plus importants que les filles, ce qui est inexact (lire p. 15). « Les filles sont davantage élevées avec l’idée de plaire et de séduire. On leur apprend à se priver, à restreindre les calories présentes dans leurs assiettes, à manger délicatement », note aussi Caroline Weill.
Cela obéirait à un stéréotype très ancien, le mythe de l’homme des cavernes chasseur. « Cette idée de virilité associée à la force et à la recherche de nourriture est encore prégnante », confie Caroline Weill.
À l’âge adulte, les choix alimentaires influent ainsi la séduction. Lors d’un rendez-vous galant, les femmes préfèrent choisir un poisson accompagné de légumes tandis que les hommes optent plus volontiers pour une entrecôte-frites. « L’excès dans l’alimentation est associé, chez lui, à un caractère de bon vivant et à la séduction. Quant à la femme, élevée dans l’idée de plaire dès son plus jeune âge, elle cherchera à séduire en mettant en avant sa délicatesse, et donc en mangeant des aliments peu caloriques, en petite quantité », résume Caroline Weill.
Exergue : La nourriture constitue le premier plaisir de la vie
Entretien avec Caroline Weill, psychologue et psychanalyste clinicienne (Paris)
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