Lancée à l'initiative du laboratoire Genfit, la première journée internationale de la NASH, qui a lieu ce mardi 12 juin, vise à sensibiliser médecins et patients autour de cette maladie silencieuse et négligée.
Un appel de 150 experts rassemblés par le « NASH Education Program » (structure montée par Genfit), dont 23 Français, est lancé à cette occasion en faveur d'une amélioration du dépistage et du diagnostic. Parmi les signataires français, certains, comme le Pr Victor De Ledinghen, responsable de l'unité hépatologie et transplantation hépatique du CHU de Bordeaux et ancien président de l'AFEF, regrettent un certain manque de transparence. « Ce n'était pas très clair », explique-t-il au « Quotidien ». Quand j'ai signé, il n'était pas explicitement indiqué qu'il s'agissait de l'initiative d'un laboratoire, et quand j'ai voulu retirer mon nom de la liste, on m'a dit que ce n'était pas possible. » Pour autant, le Pr De Ledinghen estime qu'il est « important de parler de la NASH pour laquelle il n'existe à ce jour aucune journée de mobilisation ». Contactée par « le Quotidien », l'AFEF (Association française pour l'étude du foie) précise, pour sa part, qu'elle « ne souhaite pas être associée à cette initiative intimement liée à un laboratoire ».
Si ni l'AFEF ni l'Association européenne pour l'étude du foie (EASL) ne figurent parmi les partenaires de cette journée, plusieurs associations de patient, dont les Français de SOS Hépatite.
Une maladie liée à l'obésité
La NASH est liée à l'obésité et la sédentarité. Elle n'est pas directement liée à l'alcool, bien que la consommation d'alcool soit présente dans 40 % des cas. Pendant longtemps, la NASH est passée sous le radar car cette pathologie asymptomatique survient chez des patients qui décédaient de complications cardiaques avant que les premiers symptômes ne se déclarent.
« Il faut 20 à 30 ans avant de voir se développer des complications », explique le Dr Laurent Castera, du service d'hépatologie de l'Hôpital Beaujon (AP-HP) et signataire, volontaire cette fois, de l'appel. Les facteurs de risque sont bien connus : obésité, diabète, syndrome métabolique et l'âge. On est plus à risque à partir de 40 ans. On estime que 70 à 80 % des patients suivis par un diabétologue souffrent d'une « maladie du foie gras » (NAFL), dont 10 à 20 % évoluent en NASH.
Le diagnostic peut se baser sur un bilan hépatique, avec la mesure des transaminases et des gamma GT, bien qu'il puisse y avoir une stéatose sans que ces variables biologiques soient anormales. Le diagnostic se base sur une échographie hépatique et une élastométrie hépatique.
Une évaluation du dépistage généralisé de la NASH, le projet « Liver Screen » va être entrepris dans plusieurs pays européens. L'idée est d'installer des fibroscan dans des centres de santé et de pratiquer un dépistage de la NASH. « On prendra le tout-venant, à partir de 40 ans, détaille le Dr Castera. Ce sera comme un bilan de sécu, mais avec un fibroscan en plus. » C'est la stratégie que l'on préconise pour un dépistage en population général.
Pour l'heure, la seule prise en charge possible est d'ordre hygiénodiététique, mais plusieurs médicaments spécifiques pourraient arriver sur le marché dans les années à venir : Elafibranor (Genfit), Semaglutide (Novo Nordisc) ou encore le NP201 développé par Merck.
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