EN 2008, près de 300 000 enfants chinois ont été hospitalisés pour calculs ou autre troubles rénaux, et 6 sont décédés d’insuffisance rénale, après avoir absorbé du lait maternisé frauduleusement supplémenté en mélamine, afin de le faire paraître plus riche en protéines.
Ces troubles rénaux ont été attribués à la formation de calculs à partir de la mélamine et de l’acide urique ou de la mélamine et de son derivé chimique, l’acide cyanurique.
Toutefois la composition de ces calculs et le mécanisme par lequel ces calculs se sont formés dans les tubules rénaux restaient inconnus.
Une équipe internationale, composée de chercheurs chinois (Shanghai), américains (Caroline du Nord) et britannique (Imperial College de Londres), apporte un nouvel éclairage dans la revue « Science Translational Medicine ».
Calculs tubulaires.
Leur étude sur des rats montre que l’acide cyanurique peut être produit dans l’intestin par la transformation microbienne de la mélamine, et qu’une petite quantité d’acide cyanurique est responsable de la formation des calculs dans les reins (permettant la formation de cristaux de mélamine-acide cyanurique et de mélamine-acide urique dans les tubules rénaux).
De plus lorsque les chercheurs suppriment la flore intestinale chez les rats par un court traitement antibiotique (4 jours) avant l’administration de mélamine, la toxicité rénale induite par la mélamine est considérablement atténuée.
Différents tests ont montré que la présence de bactéries de la famille des Klebsiella (en particulier la souche Klebsiella terrigena) tendent à faciliter la conversion de la mélamine, ce qui pourrait les désigner comme des acteurs clé dans la formation des calculs. Ainsi les rats colonisés par K. terrigena développent après exposition à la mélamine une néphrotoxicité beaucoup plus grave.
Ces résultats pourraient s’appliquer aux humains. En effet, l’incidence de toxicité induite par la mélamine chez les enfants (0,61 % d’anomalies des voies urinaires chez 8 000 enfants exposés) apparaît similaire à l’incidence de colonisation par K. terrigena chez les humains (0,9 % chez 5 400 sujets sains).
Les microbes intestinaux, encore eux.
« Les activités métaboliques des microbes intestinaux influencent fortement la santé humaine de manières profondes et elles ont été liées au développement de nombreux problèmes médicaux allant des maladies auto-immunes, à l’obésité, au diabète et aux maladies cardiovasculaires », souligne le Pr Nicholson (Imperial College de Londres).
« L’implication spécifique de cette recherche est que l’expression de la maladie rénale dans le scandale chinois du lait contaminé a probablement été médiée par les bactéries intestinales chez les enfants affectés. L’implication plus générale est que l’état microbien intestinal affecte l’issue des expositions aux contaminants alimentaires et environnementaux. »
Zheng et coll, Science Translational Medicine, 13 février 2013.
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