ON ESTIME que dans environ 20 % des cas, l’asthme est associé à un reflux gastro-sophagien. Comme l’explique le Pr Antoine Magnan, cette situation est surtout à envisager en cas d’asthme difficile à traiter, restant symptomatique malgré un traitement adéquat. Après avoir écarté les causes habituelles d’échec thérapeutique, telle une mauvaise observance par exemple, il faut savoir penser à l’existence de comorbidités, notamment une participation nasosinusienne et un reflux gastro-sophagien. Au plan physiopathologique, plusieurs mécanismes ont été évoqués pour expliquer cette association. Schématiquement, des micro-inhalations acides, et même basiques, sont susceptibles d’aggraver un asthme préexistant et notamment être responsables d’une toux chronique, qui peut également constituer la seule manifestation respiratoire du reflux. D’un autre côté, la distension thoracique des malades atteints d’un asthme sévère peut entraîner la création d’une hernie hiatale et le développement d’un reflux gastro-sophagien. « Il s’agit donc de deux pathologies intriquées, dont il est difficile de savoir laquelle est la cause de l’autre ».
Mais faut-il rechercher systématiquement un reflux gastro-sophagien chez tout patient asthmatique ? « Certainement par l’interrogatoire », précise le Pr Magnan. Il ne faut pas oublier de demander au malade s’il souffre de régurgitations, de douleurs épigastriques, de pyrosis, ce d’autant que, venant consulter pour une affection respiratoire, il n’y pensera pas forcément. En revanche, s’il n’existe aucun symptôme de reflux, il n’est pas certain que la mise en évidence de ce reflux par pH-métrie et impédancemétrie ait un intérêt. Il a en effet été récemment montré qu’en l’absence de symptômes digestifs, le traitement d’un reflux gastro-sophagien n’améliore pas le contrôle de l’asthme.
pH-métrie et impédancemétrie.
Le Pr Magnan rappelle à cet égard qu’en cas de toux importante, qui est parfois le symptôme respiratoire le plus gênant, « la confirmation d’un reflux repose sur la pH-métrie et aussi sur l’impédancemétrie, qui permet de repérer les reflux non acides ». Le traitement médical doit alors comporter un inhibiteur de la pompe à protons à posologie correcte : double dose pendant un mois (80 mg/j) suivie d’un traitement à dose « normale » (40 mg/j) pendant trois mois. À ce terme, il est également possible d’associer d’autres molécules (dompéridone, alginate de sodium/bicarbonate de sodium, par exemple) en cas de persistance des symptômes. Ce n’est que lorsque cette stratégie échoue que l’on est parfois amené à s’orienter vers un traitement chirurgical du reflux gastro-sophagien, dont les résultats sont toutefois assez variables d’un patient à l’autre et dont les indications doivent donc être soigneusement pesées.
D’après un entretien avec le Pr Antoine Magnan, L’institut du thorax, CHU de Nantes.
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