Maladies inflammatoires chroniques intestinales

Des pistes de recherche prometteuses

Publié le 29/09/2009
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MICI, quatre lettres qui regroupent la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique. Deux maladies d’origine encore inconnue atteignant, le plus souvent, les jeunes adultes mais aussi des enfants et des adolescents. Symptômes digestifs, diarrhées, menace de selles fréquentes et impérieuses, fatigue extrême, problèmes articulaires… ces handicaps invisibles entravent la vie sociale et professionnelle des malades. « Les MICI concernent 1 personne sur 1 000. Elles occupent une place majeure dans le domaine de la gastro-entérologie. Quant à la recherche, très active, elle nous incite à l’optimisme », assure le Pr Laurent Beaugerie, gastro-entérologue à l’hôpital Saint-Antoine (Paris)

Dans les pays occidentaux, la maladie de Crohn connaît un « boom épidémiologique » après la Deuxième Guerre mondiale. Mais aujourd’hui, les MICI sont devenus de vrais problèmes mondiaux : tous les continents sont désormais concernés.

Quel est le facteur pathogène dans le mode de vie occidental ? Pourquoi, un jour, une MICI se déclare-t-elle chez une personne ? « Nous ne pouvons pas, aujourd’hui, répondre à ces questions de façon précise. Nous savons, par exemple, que la maladie de Crohn est due à un enchaînement de facteurs précis : immunologie, génétique, microflore intestinale et environnement. Par ailleurs, le fait de fumer augmente le risque de cette maladie mais diminue celle de présenter une rectocolite hémorragique. Des faits que nous n’arrivons pas encore à expliquer », reconnaît le gastro-entérologue.

Un objectif thérapeutique ambitieux.

Les enjeux de la recherche préclinique sur les MICI sont de taille. Les chercheurs se sont notamment beaucoup investis dans le domaine de la génétique. Deux grandes approches méthodologiques sont utilisées : le genome-wide (criblage) et les gènes candidats. « Le genome-wide demande d’énormes moyens pour explorer une zone d’un chromosome et ensuite, repérer dans ce chromosome des gènes bien précis. L’autre approche est celle des gènes candidats. Elle consiste à rechercher si un gène – qui code pour une enzyme donnée – est en cause ou non dans la survenue de la maladie. Aujourd’hui, le premier gène de susceptibilité de la maladie de Crohn a été identifié (IBD1/NOD2/CARD15, sur le chromosome 16). Ce gène ouvre la voie à des pistes de recherches importantes permettant de mieux comprendre les interactions entre les différents facteurs à l’origine de cette maladie », indique le Pr Beaugerie.

Les spécialistes disposent actuellement de plusieurs traitements permettant de réduire la fréquence et la durée des poussées et de soulager les symptômes liés aux MICI : les corticoïdes, les 5-ASA (anti-inflammatoires intestinaux), les immunosuppresseurs. Mais aussi, la biotechnologie, avec les anti-TNF. « La thérapie cellulaire, les greffes de moelle osseuse et les cellules souches sont également des pistes de traitements très concrets. Nous avons aussi beaucoup d’espoir en matière de microbiologie. Chaque être humain possède sa propre flore intestinale. Telle une carte d’identité, il la garde toute sa vie. Une découverte française récente a permis de faire le lien entre le déséquilibre dans la flore intestinale (dysbiose) et les MICI. Corriger cette dysbiose permettrait ainsi de soigner les patients », précise le Pr Laurent Beaugerie.

Aujourd’hui, la stratégie thérapeutique est celle d’un traitement « agressif » précoce. Les gastro-entérologues sont, ainsi, de plus en plus ambitieux afin que les malades puissent avoir une vie se rapprochant de la normale. L’objectif, à terme : donner un traitement stoppant la MICI chez le patient, pour la vie.

HÉLIA HAKIMI
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Source : lequotidiendumedecin.fr