La transplantation de microbiote fécal consiste à administrer un filtrat de selles d’un donneur sain au patient malade.
Publié en 2013, dans le « New England Journal of Medicine », le premier essai clinique randomisé évaluant l’efficacité de la transplantation de microbiote fécal dans les infections digestives à Clostridium difficile récidivantes a mis en évidence un taux de guérison de 81,3 % après la première transplantation et de 93,8 % après plusieurs transplantations (1).
La vancomycine guérit quant à elle 30,8 % des infections digestives à Clostridium difficile récidivantes. Les traitements antibiotiques maintiennent la dysbiose intestinale et expliquent une partie des récidives après un 1er épisode d’infection digestive à Clostridium difficile (25 % des cas). La transplantation de microbiote fécal remplace la flore du patient par une flore de donneur sain, pour restaurer la diversité microbienne et éviter la multiplication de Clostridium difficile. Une enquête auprès de vingt centres hospitaliers français, présentée à l’Hôpital Cochin lors de la première journée du Groupe français de transplantation fécale, confirme dans l’infection digestive à Clostridium difficile sur 133 patients le taux de réussite de la transplantation de microbiote fécal : 87,9 % à 8 semaines après 1 transplantation, 94,7 % après plusieurs transplantations). Au premier épisode, 73 % des patients avaient reçu du métronidazole et la durée de l’antibiothérapie avant transplantation était en moyenne de 29 jours (extrêmes de 3 à 150 jours). L’enquête souligne l’importance d’homogénéiser les pratiques concernant la préparation colique (selles sèches 69,2 %, congelées 30,8 %), et les modalités d’administration qui se fait aujourd’hui par voie haute (sonde naso-duodénale, 51,88 %), lavement (33,83 %) ou coloscopie (12,78 %). Le registre national des donneurs et receveurs doit permettre d’évaluer les effets indésirables à long terme.
Perspectives d’avenir
L’implication du microbiote dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), explique l’espoir (même s’il est encore prématuré), que la transplantation de microbiote fécal devienne une alternative aux immuno-modulateurs. Trois essais contrôlés de transplantation de microbiote fécal ont été publiés chez des sujets souffrant de poussées de rectocolite hémorragique [2-4]. Deux d’entre eux montrent une efficacité thérapeutique significative de la transplantation de microbiote fécal vs placebo. Un essai est en cours d’analyse chez des sujets souffrant de maladie de Crohn (5). De multiples questions restent à résoudre. Celles du donneur le plus adapté au receveur, de la voie d’administration, de la nature d’une préparation préalable, du nombre et de la fréquence d’administration… mais également celles concernant les effets indésirables. Les possibles effets de la transplantation de microbiote fécal sur la dépression, l’obésité, le syndrome métabolique, mais aussi la possibilité de transmission d’agents pathogènes (bactéries, parasites, virus, viroïdes, prions) expliquent le frein des autorités administratives et éthiques à un développement anarchique de ce traitement (6) et imposent de poursuivre les efforts de recherche.
(1) Van Nood E et al., N Engl J Med 2013;368(5):407-15.
(2) Moayyedi P et al . , Gastroenterology 2015;149:102-9
(3) Rossen NG et al., Gastroenterology 2015;149:110-8
(4) Paramsothy S et al., Lancet 2017;389:1218-28
(5) Sokol H et al., Protocole Impact-Crohn deposé
(6) Sokol H et al., Hepato-Gastro & Oncologie Digestive 2015:278-90
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