Le médecin généraliste a son rôle à jouer à toutes les étapes de l’infection de l’hépatite C chronique, du dépistage au traitement jusqu’au suivi. Il est important qu'il reste attentif au parcours de soins et au parcours de vie de son patient, même en cas de guérison virologique. C’est pourquoi avec les Nouveaux itinéraires de médecine générale, nous vous proposons d’approfondir vos connaissances sur cette infection hépatique virale.
Quarante-trois pour cent des personnes infectées par le VHC ignorent leur séropositivité et 65 % ont un génome viral (ARN) détectable, témoin d'une infection active. C'est ainsi qu'en 2004, environ 230 000 personnes étaient porteuses d'une hépatite C chronique (1). Le médecin généraliste a ici un rôle clé pour le dépistage de l’infection par VHC chez les populations à risque. Rappelons que l’infection aiguë est asymptomatique dans 70 à 80 % des cas.
Comme le souligne le Pr Vincent Mallet, CHU Cochin Paris, « la mission du MG ne s'arrête pas dès lors que les patients sont dépistés, traités ou guéris. Une bonne connaissance de la maladie et du parcours de soins favorisant les échanges hôpital-ville permet de mieux suivre les patients et de dépister les complications de la cirrhose qui ne sont pas annulées une fois le patient guéri. Une attention doit aussi être accordée au parcours de vie, surtout en cas de comorbidités et de profils à risque (usagers de drogues, conduites sexuelles à risque).
Epidémiologie
La prévalence de l'hépatite C baisse actuellement, comme l'incidence des nouvelles infections liées auVHC qui a fortement diminué en France au cours des deux dernières décennies en raison des progrès réalisés en matière de sécurité transfusionnelle. Les données émanant du plan national de lutte contre les hépatites B et C 2009-2012 (2) soulignent la persistance de l'hépatite C en tant qu'épidémie chez les usagers de drogues.
Le poids des comorbidités
La gravité de l'hépatite C est liée à son passage fréquent à la chronicité et au risque d'évolution vers une maladie grave du foie. « L'hépatite virale C est une maladie d'évolution lente en l'absence decomorbidités, explique le Pr Vincent Mallet, CHU Cochin, Paris. Les facteurs favorisant l'évolution vers une maladie grave du foie sont surtout liés aux comorbidités, notamment la consommation excessive d'alcool qui concerne en France environ un tiers des hommes porteurs du VHC, le surpoids et le syndrome métabolique. »
Au cours des quinze dernières années, les traitements de l'hépatite C combinaient en bithérapie l'interféron pégylé par autoinjection hebdomadaire et la ribavirine en prise orale biquotidienne. « Les progrès thérapeutiques ont ensuite été rapides, commente le Pr Stanislas Pol, CHU Cochin, Paris, avec la mise au point de nouveaux antiviraux spécifiques du VHC en prise orale. ». C'est ainsi que les deux premiers inhibiteurs de la protéase du VHC (télaprévir et bocéprévir) ont eu leur AMM en 2011 et ont été utilisés en trithérapie avec l'interféron pégylé et la ribavirine. Leur efficacité est supérieure à laseulebithérapie pégylée, avec une augmentation du taux de réponse virologique soutenue (RVS) de 20 à 25 %.
Sur la route de la guérison virologique
Mais, souligne le Pr S. Pol, ce taux de réponse virologique est « au prix d'effets secondaires indésirables. Ces derniers limitent leur usage qui n'est plus recommandé en 2014. En effet, plus récemment, une nouvelle génération d'antiviraux d'action directe (sofosbuvir, siméprévir,daclatasvir) a révolutionné le traitement de l'hépatite C, grâce à une meilleure efficacité par leur combinaison, avec ou sans interféron, voire sans ribavirine, une meilleure tolérance et une durée de traitement réduite, de 12 ou 24 semaines, ainsi que l'espoir d'une guérison virologique dans plus de 90 % des cas ».
Si le rôle du médecin généraliste est fondamental en termes de dépistage, il l'est tout autant en termes de suivi (3). Comme le souligne le Pr Mallet, « la mission du MG ne s'arrête pas… »
Dr Martine ANDRÉ
D'après un entretien avec les
* Pr Vincent MALLET (service d’hépatologie, CHU Cochin, Paris)
** Pr Stanislas POL (chef du service hépatologie, CHU Cochin, Paris).
(1) Direction générale de la santé. Enquête INVS 2004.
(2) Plan national de lutte contre les hépatites B et C 2009-2012.Direction générale de la santé. Enquête INVS 2004.
(3) Rapport Dhumeaux - Prise en charge de personnes infectées par les virus de l'hépatite B ou C
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024