Le syndrome métabolique est responsable de surmortalité non seulement cardiovasculaire, mais aussi par cancers et maladies du foie liées à une stéato-hépatite non alcoolique. Cette dernière, encore appelée NASH est une maladie silencieuse. Chez un patient sur trois, elle évolue vers la fibrose, la cirrhose et le carcinome hépatocellulaire. La NASH progresse et touche aujourd’hui 1 % de la population française. Adultes mais aussi enfants et adolescents peuvent en être atteints.
La définition de la NASH est histologique : stéatose hépatique associée à des lésions d’hépatite (ballonisation, nécrose, inflammation lobulaire). Exceptionnelle chez le sujet maigre, la NASH survient le plus souvent dans un contexte d’insulinorésistance, chez des patients ayant un syndrome métabolique, mais sans consommation excessive d’alcool (< 20 g/l). Seule l’anamnèse permet d’éliminer une stéato-hépatite d’origine alcoolique, d’histologie assez comparable. Cependant, une consommation d’alcool a priori non excessive dans l’absolu, peut l’être chez un diabétique par exemple.
Savoir penser à la possibilité d’une NASH
« Devant un ou plusieurs éléments du syndrome métabolique (diabète de type 2, HTA, obésité, dyslipidémie) la première difficulté est de penser à faire un bilan hépatique. La 2e est de ne pas se rassurer s’il est anormal (augmentation des transaminases et/ou des gamma GT) », explique le Pr Philippe Sogni, hépatologue à l’hôpital Cochin.
Déterminer si ces anomalies sont liées ou non à une NASH n’est pas évident. « Le mieux est d’envisager un avis spécialisé », précise le spécialiste. En effet, les méthodes non invasives classiques d’évaluation de la fibrose (fibroscan, fibrotest) sont peu pertinentes en cas de NASH ; le FIB-4, un marqueur simple non invasif (âge, transaminases, plaquettes) fait sans doute aussi bien. En pratique, une biopsie hépatique est souvent nécessaire pour différencier la stéatose simple de la stéato-hépatite et préciser le degré de fibrose.
Corriger le syndrome métabolique
La prise en charge de la NASH est multidisciplinaire (généraliste, cardiologue, endocrinologue, psychologues, diététiciennes, coach sportif…). Elle vise à corriger les éléments du syndrome métabolique (équilibrer et corriger DT2, HTA, dyslipidémie) changer les habitudes alimentaires (mesures hygiéno-diététiques : régime hypocalorique, pas d’alcool, ni tabac) et les comportements (lutte contre la sédentarité, exercice physique). « Un amaigrissement de 10 % du poids du corps permet de faire régresser les lésions à un stade précoce, mais s’avère souvent compliqué à obtenir », souligne le Pr Sogni.
En cas d’obésité morbide et d’échec de ces mesures, une chirurgie bariatrique peut se discuter en absence de cirrhose avérée, voire même en cas de cirrhose sans hypertension portale ni insuffisance hépatocellulaire. Elle est très efficace dans la NASH.
Faut-il attendre un traitement ?
Plusieurs molécules (avec cibles différentes) sont en cours de phase 3 dans des études internationales multicentriques de grande ampleur. « Ces molécules devront sur un grand nombre de malades et dans la durée (18 mois à 3 ans voire plus), faire la preuve de leur efficacité (sur les lésions histologiques voire les complications cliniques), mais aussi de leur innocuité (et notamment ne pas accroître le risque cardiovasculaire des patients avec syndrome métabolique) », précise le Pr Sogni.
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