La cæcostomie percutanée consiste à aboucher par endoscopie le cæcum à la paroi abdominale et à mettre en place une sonde souple multiperforée (de CHAIT) afin d’effectuer des irrigations coliques antérogrades (à partir du 15e jour après pose de la sonde).
« Cette technique est très sûre. La sonde est mise en place lors d’une coloscopie sous contrôle de la vue et elle est réversible, précise le Pr Coron, gastro-entérologue au CHU de Nantes. Les irrigations coliques doivent être proposées comme un test thérapeutique avec possibilité de retrait au bout de quelques mois en cas d’échec, l’orifice se refermant spontanément en 2 à 3 jours. »
La CPE est une alternative mini-invasive à la technique chirurgicale de Malone (qui fixe l’appendice à la peau pour s’en servir comme canal d’irrigation).
L’étude présentée lors des JFHOD 2015 (abstract S29, Bruley des Varannes S. et al.) visait à évaluer la faisabilité et l’efficacité des irrigations coliques antérogrades par CPE dans les troubles fonctionnels colo-rectaux refractaires. Trois indications permettaient d’inclure 69 patients en impasse thérapeutique médicale dans 3 groupes : groupe 1 (constipation réfractaire, n = 43), groupe 2 (incontinence fécale, n = 19), groupe 3 (incontinence post-résection rectale, n = 10), et 5 patients étaient à la fois inclus dans les groupes 1 et 2. Tous ont été traités par cæcostomie percutanée endoscopique et suivis dans 2 centres (CHU de Nantes et CHU de Bordeaux) en moyenne pendant 2 ans (2 premiers groupes) et 6 mois (3e groupe).
Évaluer la qualité de vie
Le critère de jugement principal dans chaque indication était l’amélioration du score de qualité de vie évalué par le Gastrointestinal Quality of Life Index (GIGLI). Ce critère était atteint dans les 3 groupes de façon significative (respectivement p = 0,034, p = 0,026, p = 0, 013).
Les scores moyens au questionnaire de constipation (Kess) du groupe 1 étaient les suivants : 25,9 avant la pose ; 19,2 à 3 mois (p = 0,005) ; 15,1 à 1 an (p ‹ 0,005). Les scores moyens au questionnaire de continence fécale de Cleveland étaient pour le groupe 2 (14,9 avant la pose ; 5,8 à 3 mois, p ‹ 0,0005 ; 6,0 à 1 an, p ‹ 0,005 ; 10,4 à 2 ans, p = 0,045), et pour le groupe 3 (14,3 avant la pose ; 6,2 à 3 mois, p = 0,023 ; 2,7 à 6 mois, p = 0,014).
Le succès global de la technique était défini par : l’amélioration de la qualité de vie et des symptômes digestifs, l’absence de retrait du dispositif, de colectomie ou de colostomie et une réponse positive à la question : « Conseilleriez-vous la technique à une personne souffrant de la même affection ? ». Les pourcentages de succès dans les groupes 1 à 3 étaient respectivement de 58,1 % (25/43), 73,7 % (14/19) et 90,0 % (9/10), les meilleurs résultats étant obtenus dans le groupe&3.
Les résultats apparaissent dès les premières semaines et semblent relativement stables dans le temps.
La sonde a dû être retirée chez 28 % des patients, pour échec ou complications, notamment douleurs en regard de la zone de cæcostomie. « Les douleurs chroniques concernent près de la moitié des patients et doivent être prises en charge avant d’envisager le retrait du dispositif, après évaluation du rapport bénéfice/risque », note le Pr Coron précisant que « L’éducation thérapeutique du patient est un enjeu majeur, et les stomathérapeutes sont des acteurs clés de la prise en charge ».
Un PHRC interrégional doit débuter fin 2015 pour évaluer cette technique versus traitement habituel.
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