En marge de la 6e édition du Paris NASH Meeting* qui se tient virtuellement les 22 et 23 octobre, le Pr Philippe Mathurin, hépato-gastroentérologue à l'hôpital Huriez (CHRU Lille), a présenté les récentes avancées de la chirurgie bariatrique dans la NASH.
Selon une étude qu'il a dirigée, la chirurgie bariatrique a permis la disparition complète de la NASH chez 84 % de patients présentant une obésité sévère cinq ans après l'intervention, avec une réduction progressive de la fibrose dans 60 % des cas. « Un malade sur deux qui avait une fibrose extensive proche de la cirrhose avant chirurgie bariatrique n'avait plus de fibrose à cinq ans », ajoute également le Pr Mathurin.
Cette étude prospective, parue dans le numéro d'octobre de la revue « Gastroenterology », a été menée auprès de patients lillois présentant une NASH confirmée à la biopsie associée à une obésité sévère. Conformément aux indications de la chirurgie bariatrique définies par la Haute Autorité de santé (HAS), les patients inclus avaient un IMC supérieur ou égal à 40 ou bien un IMC supérieur ou égal à 35 en cas de comorbidité associée (hypertension, diabète…). Des échantillons hépatiques ont été prélevés chez 125 des 169 patients (76 %) un an après l'intervention et chez 64 des 94 patients (68 %) à cinq ans. La majorité des patients (66,1 %) ont bénéficié de la technique by-pass gastrique, qui consiste à réduire la taille de l’estomac en court-circuitant une partie de l’intestin grêle.
Étendre les indications aux obésités moins sévères
Une étude française de 2006 et une méta-analyse américaine de 2008 avaient montré que la chirurgie bariatrique entraînait une diminution de la surcharge en graisse du foie chez de nombreux patients (avant le stade de fibrose), avec un score de stéatose qui diminuait chez presque tous les malades, rapporte l'hépatologue. Le bénéfice était d'autant plus marqué que la perte de poids était importante.
Ces résultats ont conduit à s'intéresser aux patients présentant une NASH, tous les patients ayant de la stéatose ne développant pas nécessairement une fibrose et de la cirrhose.
Avec l'étude de « Gastroenterology », « nous avons démontré que la chirurgie est très efficace chez les patients NASH présentant une obésité sévère. La question est désormais de savoir si ces indications ne peuvent pas être étendues », avance l'hépatologue.
Dans le cadre d'un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) coordonné par le centre de Lille, une étude va être menée auprès de patients ayant un IMC entre 30 et 35 et présentant une fibrose extensible. « Les patients seront randomisés entre traitement chirurgical et traitement médical, précise le Pr Mathurin. Nous espérons montrer que la chirurgie est associée à une réduction de la fibrose chez plus d'un patient sur deux et à une disparition de la NASH chez de nombreux patients. » Les résultats de cette étude, qui implique plusieurs centres français, sont attendus d'ici à trois ans. Si les résultats se révèlent positifs, la chirurgie bariatrique devra néanmoins être réservée à des patients résistants aux traitements médicamenteux.
En effet, « la chirurgie bariatrique est une technique invasive associée à un risque de mortalité périopératoire de 0,3 %. Les complications qui surviennent sont liées au terrain individuel et non à la chirurgie en elle-même », note le Pr Mathurin, soulignant la nécessité de sélectionner rigoureusement les patients.
* Organisé en partenariat avec l’Association française des hépatologues (AFEF) et la Société francophone du diabète (SFD).
D'après une conférence de presse en ligne du 20 octobre
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