L'incidence de la maladie de Crohn est en nette augmentation depuis une trentaine d'années : elle est passée de 5,2 pour 100 000 habitants en 1988-1990 à 6,7 pour 100 000 en 2006-2007 (1). Cette progression touche particulièrement les jeunes entre 10 et 19 ans, le rôle de l'environnement est suspecté: tabac, antibiothérapie répétée durant l'enfance et alimentation, bien que la maladie ait aussi une composante génétique (plus de 200 gènes associés aux maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (Mici) ont été identifiés à ce jour). « Aucune étude ne démontre encore de lien direct entre l'alimentation et le risque de développer une Mici, mais des hypothèses sont émises sur l'impact délétère de l'alimentation industrielle, riche en additifs alimentaires (plus de 4 000 ), sucres raffinés, protéines animales et acides gras polyinsaturés. Toutes ces substances peuvent avoir un effet sur l'inflammation. À l'inverse, une alimentation riche en fibres (en dehors des poussées) doit être favorisée », affirme le Pr Matthieu Allez, gastroentérologue à l'hôpital Saint-Louis (Paris).
Une préoccupation pour les patients
L'association François-Aupetit (AFA Crohn RCH) a mené une enquête de juin à septembre 2017, en partenariat avec le site Marmiton et soutenue par Janssen (2), intitulée « Maladie de Crohn et RCH : les habitudes alimentaires des malades ». Sur les 1 969 répondants, 78 % ne mangent plus de la même façon après le diagnostic, 73 % développent même une peur de certains aliments, avec parfois des troubles du comportement alimentaire, et, pour 70 %, il s'agit d'un changement d'alimentation conséquent. La vie sociale des patients est également affectée : 23 % déclarent cuisiner souvent des plats spécifiques pour eux lorsqu'ils cuisinent pour leurs proches, et 26 % des proches déclarent qu'il est compliqué de cuisiner pour eux.
« L'AFA Crohn RCH reçoit 20 000 appels de patients ou de leurs proches par an, souligne Anne Buisson, directrice adjointe de l'AFA Crohn RCH. Parmi les questions les plus fréquentes, celles sur leur alimentation : Quels aliments sont autorisés ? Quel est le rôle du microbiote, des pesticides, des additifs alimentaires ? Nous leur indiquons qu'ils peuvent manger de tout. Néanmoins, chaque patient a besoin de conseils personnalisés délivrés par un diététicien, notamment pour éviter de mettre de côté inutilement des catégories d'aliments, et donc le risque de dénutrition, et ne pas tomber dans l'isolement social. »
Aujourd'hui, la prise en charge des Mici repose sur un traitement médicamenteux associé à des modules d'éducation thérapeutique. « L'alimentation est une des grandes questions que nous abordons au sein de l'Afemi, une association créée par des médecins impliqués dans l'éducation thérapeutique et par des patients experts qui y ont été formés. Notre objectif est d'améliorer la qualité de vie des patients », conclut le Pr Allez.
(1) HAS. « Maladie de Crohn », Guide affection longue durée no 24, HAS, mai 2008
(2) http://www.marmiton.org/pratique/sante-plaisir_quel-regime-pour-les-mal…
(3) https://www.afa.asso.fr/article/bourses-de-recherche/bourses-de-recherc…
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024