LES GASTRO-ENTÉRITES aiguës (GEA) sont essentiellement dues à des causes infectieuses, majoritairement d’origine virale. Elles se traduisent par des perturbations de la sécrétion et de la réabsorption de l’eau et des électrolytes au niveau de la muqueuse de l’intestin grêle et du côlon. En règle, elles se manifestent symptomatiquement par une diarrhée aiguë. Le rotavirus est l’agent infectieux le plus fréquemment en cause entre 6 et 24 mois. L'infection à rotavirus serait responsable, chaque année, en France, d'un peu plus de 180 000 épisodes de diarrhée aiguë chez les enfants de moins de 3 ans. Parmi eux, près de 100 000 s'accompagnaient de manifestations sévères (1). Elles sont responsables d’environ 600 décès évitables chaque année (2). Sur le plan diagnostique, il est évidemment essentiel d’éliminer une affection chirurgicale, un syndrome hémolytique et urémique ou une affection extra-digestive.
Plusieurs fois par heure.
Après s’être assuré de l’absence de choc, de signes de déshydratation mal tolérés et de critères de gravité (âge inférieur à 3 mois, infection systémique, ballonnement abdominal majeur, parents non fiables et incapables de traiter l’enfant), la prise en charge de la diarrhée aiguë peut être envisagée à domicile, sous réserve d’une surveillance attentive. Le traitement fait avant tout appel à la réhydratation orale (3). Les seules boissons adaptées avant l’âge de 2 ans sont les solutés de réhydratation orale (SRO), qui restaurent l’équilibre hydro-électrolytique. Ils doivent être proposés plusieurs fois par heure, en particulier lors de la phase initiale de la GEA. Ces solutés, délivrables sans ordonnance, doivent être employés à la place des préparations reconstituées de manière artisanale, des boissons sucrées et de l'eau pure. En cas de refus des SRO, les parents ne doivent pas se décourager, et continuer à les proposer plusieurs fois par heure, surtout au début de la maladie. Ils doivent être donnés à l’enfant par petites quantités à intervalles brefs, en respectant la soif de l’enfant.
Les antiémétiques ne doivent pas être utilisés en routine. Parmi les antisécrétoires, le racécadotril peut être utilisé car il diminuerait la sécrétion d'eau et d'électrolytes dans l'intestin.
Maintenir les apports caloriques.
Parallèlement, l’alimentation habituelle, lactée exclusive ou diversifiée, doit être conservée afin de maintenir les apports caloriques. Par ailleurs, compte tenu de la contagiosité des rotavirus, le lavage des mains doit être soigneux. Les parents doivent consulter à nouveau en cas de vomissements persistants, en cas de modification du ionogramme et si la diarrhée se prolonge plus de cinq jours. Sur le plan préventif, le contact avec un enfant malade doit être évité. La vaccination contre le rotavirus a pour finalité de protéger les nourrissons le plus tôt possible pour réduire la sévérité de la première infection. Elle est recommandée aux États-Unis (3), mais pas en France, ce que regrette et préconise le Groupe francophone d'hépatologie, gastroentérologie et nutrition pédiatriques (4).
Références
(1) Melliez H, et coll. Cost and cost-effectiveness of childhood vaccination against rotavirus in France. Vaccine 2008 ; 26 (5) : 706-15.
(2) Marc E, et coll. Hospitalization for acute community-acquired rotavirus gastro-enteritis; a 4-year survey. Arch Pediatr 2002 ; 9 (3) : 255-61.
(3) Bocquet A, et coll. Traitement nutritionnel des diarrhées aiguës du nourrisson et du jeune enfant. Arch pédiat 2002 ; 9 : 610-9.
(4) Cortese MM, et coll. Prevention of rotavirus gastroenteritis among infants and children: recommendations of the Advisory Committee on Immunization Practices (ACIP). MMWR Recommendations and reports 2009 ; 58 (RR-2) : 1-25. (5) Olives JP, et coll. ; Groupe francophone d'hépatologie, gastroentérologie et nutrition Pédiatriques. Diarrhées aiguës de l'enfant et infections à rotavirus. La vaccination rotavirus en France : position du groupe francophone d'hépatologie, gastroentérologie et nutrition pédiatriques. Arch Pediatr. 2007 ; 14 Suppl 3 : S194-6.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024