Les techniques d’exploration d’endoscopie digestive (ED) ont participé à l’essor de la spécialité. Elles permettent une meilleure compréhension des pathologies du tube digestif et hépatobiliaire. Elles offrent également des possibilités thérapeutiques, évoluant à un rythme effréné.
L’ED s’est imposée comme un outil thérapeutique mini-invasif fondamental, au même titre que la radiologie interventionnelle, se substituant de plus en plus à la chirurgie. Elle intervient dans de nombreux domaines : prise en charge des hémorragies digestives, résection des tumeurs superficielles notamment par dissection sous-muqueuse (DSM), myotomies perendoscopiques dans le traitement des troubles moteurs, drainage des collections par voie transgastrique…
Des compétences techniques et médicales
Cet essor est dû essentiellement à la formation mixte des HGE, médicale et technique, qui englobe l’ensemble des compétences allant de l’approche clinique, au diagnostic endoscopique, puis au traitement. Par exemple, l’HGE se forme d’abord à la compréhension de la carcinogenèse colique, puis à la détection et à la caractérisation des lésions, avant de décider et d’exécuter la technique de résection appropriée. De même, sa formation clinique dans la prise en charge des maladies inflammatoires chroniques intestinales se poursuit par l’évaluation endoscopique de l’étendue et de la gravité de la maladie, la détection par chromo endoscopie des lésions précancéreuses spécifiques, puis leur traitement. Mais, avant tout, il assure une prise en charge globale et le suivi du patient dans le temps.
Ainsi, une formation purement technique, sous un angle essentiellement chirurgical, serait un extraordinaire retour en arrière, par méconnaissance totale de l’indispensable phase d’apprentissage du diagnostic.
Un apprentissage universitaire exigeant
La formation en ED débute nécessairement par un apprentissage clinique des pathologies digestives, puis par une phase de formation en endoscopie diagnostique, avant d’aborder l’acquisition des connaissances thérapeutiques. Elle commence donc par la phase socle de cinq ans du diplôme d’études spécialisées en hépatogastroentérologie. Pendant cette période, l’étudiant apprendra d’abord sur simulateur, puis par compagnonnage, l’essentiel de l’endoscopie diagnostique. Un diplôme de techniques avancées en endoscopie diagnostique lui permettra de parfaire sa formation, avant d’aborder l’apprentissage de l’endoscopie interventionnelle ou thérapeutique. Celui-ci débute généralement en fin d’internat et se poursuit pendant l’assistanat ou le clinicat. Différents diplômes permettent en France de se former à l’endoscopie interventionnelle, soit pour les pathologies du tube digestif (tumorectomies, dilatations, radiofréquence…), soit pour les maladies bilio-pancréatiques, avec dans ce cas la nécessité d’une formation complémentaire en échoendoscopie (extraction de calculs, drainages biliaires, ponctions, prothèses, …)
Ces formations, théoriques et pratiques sur modèle animal, intègrent un curriculum exigeant en termes d’actes réalisés sous supervision d’un expert, ainsi qu'un examen théorique de fin d’apprentissage.
Une actualisation continue des connaissances
La vitesse d’évolution des techniques a conduit la spécialité à structurer la formation post-universitaire, pour permettre aux HGE de poursuivre leur apprentissage tout au long de leur exercice. La Société française d’endoscopie digestive (SFED) propose ainsi différents moyens de formation digitaux : workshops (cas cliniques commentés et filmés), webinaires, médiathèque actualisée (plus de 1 500 médias de formation). Elle participe également à la revue mensuelle de la spécialité « hépato-gastro et oncologie digestive », en soumettant des mini-revues et des cahiers de formation. Elle organise annuellement le plus important congrès francophone d’endoscopie digestive, Video-Digest (voir encadré). Cette année, il aura lieu les 3 et 4 novembre au Palais des Congrès de Paris, avec des démonstrations en direct du CHU de Brest (plus d’informations sur : https://www.videodigest-coursintensif.fr). Enfin, la SFED propose des formations pratiques sur un ou deux ans, masterclass ou curriculums, pour l’apprentissage des nouvelles techniques comme la DSM.
Ainsi, la formation en ED, per et post-universitaire, est en France très bien structurée, afin de permettre aux HGE d’acquérir une formation initiale et continue de qualité, en endoscopie diagnostique et interventionnelle. Cette filière d’excellence, qui est un modèle en Europe et dans le monde, n’en reste pas moins menacée par l’émergence de formations destinées à certains chirurgiens digestifs. Moins longues et moins exigeantes, celles-ci font craindre à l’ensemble de la spécialité une forte baisse de la qualité des soins. Plus généralement, se pose ainsi la question de l’évaluation des compétences dans notre pays…
Président de la SFED
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