Trois tasses de café par jour diminuent la mortalité des patients co-infectés VIH-VHC

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Publié le 26/09/2017
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Crédit photo : S. Toubon

« Three cups of coffe a day keep the hepatologist away. » Tel pourrait être le nouvel adage des patients co-infectés par le VIH et le VHC, au vu des dernières constatations de la cohorte ANRS HEPAVIH publiés dans le « Journal of Hepatology ». Les propriétés anti-inflammatoires du café sur le foie des patients co-infectés par le VIH et l'hépatite C (VHC) réduisent en effet la mortalité toutes causes à partir de la 3e tasse par jour.

Les membres de la cohorte HEPAVIH consommant 3 tasses de café par jour ou plus ont un risque de décès toutes causes diminué de 14 % sur une durée de 5 ans, par rapport à ceux qui consomment moins de café. Maria Patrizia Carrieri, biostatisticienne à l'université Aix-Marseille, et ses collègues attribuent cette amélioration de la survie aux polyphénols contenus dans le café, un anti-inflammatoire capable de protéger le foie. Ces résultats s'accordent avec des données antérieures faisant état d'une diminution de l'activité de l'alanine aminotransférase (ALAT), une enzyme servant de marqueur de la destruction de cellules hépatiques.

Les décès liés au VHC quatre fois plus fréquents

Les auteurs ont travaillé sur 1 028 patients co-infectés, dont 26,6 % consomment plus de 3 tasses de café par jour. Au cours du suivi de 5 ans en moyenne, 77 décès toutes causes sont survenus, soit un taux de mortalité de 1,64/100 personnes-années. Près de la moitié de ces décès (43 %) sont directement liés à l'hépatite C. Les auteurs précisent d'ailleurs que les décès liés au VHC étaient 4 fois plus élevés que ceux liés au VIH dans cette population de patients co-infectés. La première cause de mortalité non liée au VIH ou au VHC était le cancer, suivi des pathologies cardiovasculaires.

La mortalité constatée par les auteurs est 80 % plus faible dans le sous-groupe des patients guéris de leur hépatite C grâce aux nouveaux traitements. Une fois pris en compte le sexe, la persistance ou non de l'infection par le VHC, et les comportements à risque (tabagisme, changement de partenaire…).

« C'est la première fois que l'on met en évidence une telle association dans une population à haut risque comme celle des patients infectés par le VIH et le VHC », se réjouissent les auteurs. De manière générale, « l'effet du café, ou des composés du café, a été étudié dans une série de pathologies, y compris la maladie d'Alzheimer, les maladies inflammatoires dont le cancer, les maladies cardiovasculaires, ainsi que les maladies métaboliques et les maladies du foie, ajoutent-ils. Le seuil de 3 tasses par jour y était le plus souvent associé à une diminution de la mortalité toutes causes ».

Le café, un « usual suspect »

En 2014, une méta-analyse parue dans « Circulation » avait divisé une population de 1 279 804 participants en 4 catégories en fonction de leur consommation quotidienne de café. Les personnes ayant une consommation médiane de 3,5 tasses par jour avaient un risque de maladie cardiovasculaire diminué de 15 % comparés à ceux qui ne boivent pas du tout de café.

Toutes les études ne concordent toutefois pas, comme l'ont constaté les auteurs lors de leurs recherches bibliographiques. « Des études de cohortes prospectives n'ont montré aucune association entre la consommation de café et le risque de maladie coronaire, détaillent-ils dans la discussion de leur travail. Dans une autre méta-analyse, la consommation modérée de café était associée avec une diminution du risque d'insuffisance cardiaque. »


Source : lequotidiendumedecin.fr