Selon une étude rétrospective

Une appendicite de l’adulte pourrait attendre 12 heures

Publié le 23/09/2010
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ENTRE LE moment où l’adulte adressé pour suspicion d’appendicite arrive aux urgences et celui où il monte au bloc, il ne serait probablement pas nécessaire de se précipiter. Entre ceux qui sont opérés avant la 6e heure et ceux qui le sont au-delà de la 12e, le devenir à un mois demeure similaire. Tant en ce qui concerne la mortalité que la morbidité.

C’est à une équipe de médecins américano-canadiens que revient le mérite de ce constat. Une nouvelle qui pourrait diminuer la pression sur les épaules d’un chirurgien surchargé dans un service d’urgences. L’objectif du travail était d’évaluer la morbi-mortalité à 30 jours, en se fondant sur l’étude rétrospective des dossiers de 32 782 patients opérés d’une appendicite entre janvier 2005 et décembre 2008. Il s’agissait d’adultes de plus de 16 ans (38 ans en moyenne), avec une petite prédominance masculine (53,9 %).

Dans cette cohorte, 24 647 sujets (75,2 %) ont été opérés dans les 6 heures suivant l’admission, 4 934 (15,1 %) entre 6 et 12 heures, 3 201 (9,8 %), enfin, au-delà de la 12e heure. Parmi tous ces opérés, 27 334 (83,4 %) avaient une appendicite simple et 5 448 (16,6 %) une forme compliquée. Pour être complets, les auteurs précisent que 25 021 (76,3 %) interventions ont été réalisées en chirurgie laparoscopique et 7 761 (23,7 %) par la voie classique.

Entre l’admission et l’induction de l’anesthésie.

Aucune différence significative n’est relevée sur la morbidité globale avec pour les trois délais (<6 heures; entre 6 et 12 heures ; › 12 heures) avec des taux respectifs de 5,5, 5,4 et 6,1 %. En ce qui concerne la mortalité ou la morbidité grave, guère de différence non plus, selon les délais, avec des taux respectifs de 3, 3,6 et 3 %. Ce qui permet de dire que le temps passé entre l’admission et l’induction de l’anesthésie n’influe pas sur ces paramètres. De même, les durées opératoires et les durées d’hospitalisation n’ont guère de traduction sur le devenir clinique. Un fait simplement : le plus souvent l’intervention était retardée chez les sujets les plus âgés ou dépendants, à probabilité de comorbidité était plus élevée.

Les auteurs reconnaissent quelques limitations à leur étude. Les données manquaient de détail sur les caractéristiques de patients ou l’organisation de la prise en charge. Les scanners ou comptes rendus opératoires n’étaient pas connus. Manquaient aussi les données temporelles entre les premiers symptômes et l’admission ou les traitements administrés (antibiotiques, perfusions). Enfin, le délai avant l’intervention était apprécié par le chirurgien ou par l’équipe qui avait pris le patient en charge.

La nécessité de ce travail s’était fait sentir en raison des carences des travaux antérieurs. En effet, ils étaient soit constitués de groupes de patients en nombre insuffisant, soit réalisés dans un seul établissement. De plus, des études avaient suggéré qu’une antibiothérapie sans appendicectomie pouvait fournir un traitement sûr de première intention chez des hommes bien sélectionnés. L’échec de ce protocole conduisait alors à une intervention chirurgicale.

Arch Surg vol 145, n° 9, pp. 886-892.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8821