L’ADOPTION de checklist à l’hôpital pourrait dépasser le cadre confiné du bloc opératoire. Récemment emprunté aux pilotes de ligne par les chirurgiens, l’outil semble si profitable au monde médical qu’il pourrait faire irruption dans les services de médecine.
C’est ce que montre une étude menée dans trois hôpitaux du nord ouest londonien après l’adoption de 8 checklists pendant un an. Alors que près de la moitié des effets secondaires graves entraînant le décès seraient évitables, plusieurs institutions sanitaires britanniques ont tiré la sonnette d’alarme il y a quelques années. De nouveaux garde-fous sont nécessaires pour améliorer la qualité des soins. L’élaboration de protocoles standardisés n’est pas suffisante. Encore faut-il qu’ils soient appliqués.
De là, est née l’idée de l’adoption de checklists simples à l’hôpital. Et si l’on en croit les résultats obtenus par l’équipe du Dr Karen Elcock, la mesure serait efficace. La mortalité associée à 13 diagnostics ciblés dans les checklists était significativement diminuée, tandis que celle des diagnostics non ciblés par l’intervention n’a pas bougé. Ce qui s’est soldé au total par une mortalité hospitalière globale diminuée. Le ratio normalisé de mortalité hospitalière (RNMH) du groupe londonien est ainsi passé de 89,6 sur l’année 2006-2007 à 71,1 sur l’année 2007-2008. Soit le taux le plus bas enregistré parmi l’ensemble des hôpitaux d’Angleterre !
Huit checklists...
Dans leur étude, les chercheurs britanniques se sont limités à mesurer la réduction de mortalité au sein du groupe hospitalier du nord ouest londonien. Celui-ci est constitué de trois sites : Northwick Park, Central Middlesex et Saint Mark. Huit thèmes étaient ainsi couverts : asepsie et cathéter veineux central ; diarrhées et vomissements ; accidents vasculaires cérébraux ; pneumonie acquise sur ventilateur ; infections à Staphylocoque méthicilline résistant ; insuffisance cardiaque ; infections du site chirurgical ; maladie pulmonaire obstructive chronique. Pour deux de ces thèmes, l’agence sanitaire britannique, l’Institute for Healthcare Improvement, avait déjà élaboré une fiche récapitulative.
Treize diagnostics
Mais qu’entend-on par checklists ? Ce sont des listes de recommandations validées rédigées de façon synthétique et sous une forme pratique, qui soit accessible à tout médecin. Pour les six autres checklists, les éléments ont été validés par consensus d’experts. Sur la base des 25 diagnostics du système de classification clinique, qu’utilisent l’Imperial College et le Dr Foster Intelligence, cet organisme semi-public très impliqué dans les systèmes d’information de santé au Royaume-Uni, 13 diagnostics en lien avec les checklists élaborées ont été ciblés pour la mesure quantitative. Il s’agissait ainsi de : péritonite et abcès intestinal ; démence et troubles cognitifs organiques ; pneumopathie d’inhalation ; pneumothorax ; bronchite aiguë, infections de l’appareil urinaire ; maladie cérébro-vasculaire aiguë ; infections de la peau et des tissus sous-cutanés ; troubles gastro-intestinaux ; septicémies ; pneumopathies ; maladie pulmonaire obstructive chronique et bronchiectasie ; insuffisance cardiaque congestive non hypertensive.
Même si le lien de causalité ne peut pas être affirmé avec certitude, plusieurs constatations sont convaincantes. Tout d’abord, la mortalité a le plus diminué dans le site ayant le plus utilisé les checklists. La diminution est survenue dans l’année d’étude. La tendance qui n’existait pas précédemment est apparue dès le premier mois d’application. Sans oublier qu’elle a été observée pour les diagnostics ciblés par les checklists et non pour les autres.
BMJ, 2010 ; 340:c1234
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