LE VITILIGO, qui est induit par une perte des mélanocytes et dont la prévalence va de 0,1 % à 2,9 % selon les régions du monde et les ethnies, a un support en partie génétique. Plusieurs gènes de susceptibilité ont été incriminés, mais la confirmation de leur rôle par des études de réplication n’a été obtenue que pour certains d’entre eux, tel que le gène NLRP1 et quelques allèles du système HLA. Afin d’identifier de nouveaux facteurs de susceptibilité de cette dermatose, l’équipe de Cheng Quan a réalisé le génotypage de près de 500 000 polymorphismes nucléotidiques simples (SNP) chez 1 117 patients atteints de vitiligo généralisé et 1 429 sujets contrôles (1).
Deux signaux d’association indépendants ont été identifiés dans la région du CMH : l’allèle rs11966200 (Odd Ratio : 1,90), dans la région HLA de classe III, et l’allèle rs9468925 (OR : 0,74), dans la région HLA-C/HLA-B. Des analyses d’haplotypes, conduites sur ces deux allèles et neuf autres SNP voisins, ont mis en évidence deux haplotypes, H1 et H5, fortement associés au vitiligo, l’allèle protecteur A de rs9468925 étant localisé sur H1 et l’allèle de risque A rs11966200 sur H5. Une analyse de réplication (5 910 cas et 5 153 contrôles dans l’ethnie chinoise Han ; 713 cas et 824 contrôles dans l’ethnie Uygur) a confirmé l’association de ces allèles à la maladie. Des analyses complémentaires incitent les auteurs à penser que la forte association avec l’allèle rs11966200 pourrait exprimer des associations déjà suspectées avec divers allèles HLA (HLA-A*3001, HLA-B*1302, HLA-C*0602 et HLA-DRB1*0701), tandis que l’association avec rs9468925 semble représenter un allèle de susceptibilité HLA jamais décrit jusqu’ici.
Une lien avec les maladies inflammatoires intestinales ?
Une analyse de réplication « fast-track » conduite avec 32 SNP non-CMH a, par ailleurs, permis aux Chinois d’identifier deux autres loci d’association significative à la maladie : le locus 6q27 (avec deux SNP, rs2236313 (OR : 1,19) et rs6902119 (OR : 1,17), à fort déséquilibre de liaison), et le locus 10q22, au sein de la région ZMIZ1 (rs11593576, OR : 0,90). Les deux SNP de 6q27, significativement associés au vitiligo dans les deux ethnies chinoises (Han et Uygur), sont situés dans une région comprenant trois gènes dont un (RNASET2) a un rôle dans le stress oxydatif (qui semble contribuer à une étape initiale de la destruction des mélanocytes). Ce locus de risque n’avait jamais encore été identifié. Il est intéressant de noter que la région ZMIZ1, où se trouve l’autre locus, semble être commune aux patients atteints de vitiligo et à ceux présentant une maladie inflammatoire de l’intestin (MII : rectocolite hémorragique et maladie de Crohn). Cette étude pourrait donc, en outre, suggérer un lien entre le vitiligo et les MII sur le plan de la susceptibilité génétique.
La réponse immunitaire.
Une autre GWA, conduite chez des patients d’origine européenne atteints de vitiligo généralisé, dans leurs familles et chez des contrôles, a quant à elle permis d’identifier dix loci de susceptibilité confirmés (2). Des études de réplication faites dans deux cohortes « européennes » ont, par ailleurs, évalué sept autres signaux candidats. L’équipe internationale de Ying Jin (avec la participation d’Alain Taïeb, du Centre de référence des maladies rares de la peau de Bordeaux) a découvert deux variants d’association significative : l’un (rs17008723, OR :1,33) sur le chromosome 3 (3p13) dans la région génomique FOXP1, l’autre (rs6902119, OR : 1,23) sur le chromosome 6 (6q27) dans la région CCR6.
Il est intéressant de noter que les gènes FOXP1 (un facteur de transcription de la famille forkhead) et CCR6 codent pour des protéines de rôle important dans la réponse immunitaire (notamment dans la différenciation des cellules B). Ces derniers travaux confirment donc que des mutations portant sur des facteurs de transcription contrôlant la régulation de l’immunité ont probablement un rôle dans la pathogénie du vitiligo généralisé.
(1) C Quan, XJ Zhang et coll. Genome-wide association study for vitiligo identifies susceptibility loci at 6q27 and the MHC. Nature Genetics 2010 (lettre) Publié en ligne.
(2) Y Jin, RA Spritz et coll. Common variants in FOXP1 are associated with generalized vitiligo. Nature Genetics 2010 (communication) Publié en ligne.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024