LE GROUPE des scientifiques de l’Autism Genome Project, fort de 177 chercheurs travaillant dans 60 institutions dans 11 pays différents (en Europe, aux États-Unis et au Canada), forme le plus grand consortium sur la génétique de l’autisme.
Ils publient des résultats intermédiaires d’une étude portant sur 1 275 familles comportant un membre présentant des troubles liés à l’autisme et 1 991 individus témoins. Une analyse du génome entier a été réalisée à l’aide de micropuces à ADN d’une nouvelle génération, présentant une résolution très élevée. Ces micropuces portent un million de marqueurs (par comparaison, en 2007 elles portaient 10 000 marqueurs) et par ailleurs elles permettent de voir des lésions génétiques plus petites, portant sur des très courtes séquences. Cette méthode détecte des variations du nombre de copies des gènes ou CNV (en anglais Copy Number Variant), c’est-à-dire des insertions ou des duplications (trois copies d’un gène) ou des suppressions (une seule copie présente).
Tous les individus ont des CNV, sans que cela porte à conséquence. Dans le cas de l’autisme, les CNV portent sur des gènes importants pour le développement du cerveau.
De nouvelles mutations impliquées dans les troubles autistiques sont mises en évidence dans cette étude, notamment SHANK2, SYNGAP1, DLGAP2 et PTCHD1 (sur le chromosome X). Certains d’entre eux ont un rôle au niveau des synapses, d’autres sont impliqués dans la prolifération cellulaire ou encore dans la transmission des signaux intracellulaires.
Chacun des variants identifiés est rare (détecté dans moins d’un pour cent de la population) et il est trouvé chez très peu de patients. Par exemple une délétion de SHANK2 a été trouvée chez deux patients parmi 1 275. L’étude montre que les sujets atteints d’autisme tendent à avoir plus de CNV rares que les individus témoins.
Certaines de ces mutations sont héritées, d’autres sont considérées comme de novo, apparaissant chez un individu et absente chez les parents.
Des gènes déjà associés au retard mental.
Les chercheurs remarquent que beaucoup de ces gènes détectés en rapport avec l’autisme ont déjà été associés au retard mental. « L’observation de gènes communs impliqués dans la prédisposition à l’autisme et dans des déficiences intellectuelles soutient l’hypothèse que différents troubles psychiatriques liés au développement du système nerveux partagent certains facteurs de risque génétique », précise Catalina Betancur (Inserm U 952), qui participe à la partie française de l’étude.
Les gènes identifiés confortent aussi la « voie synaptique » déjà évoquée par des chercheurs français notamment Thomas Bergeron (Institut Pasteur), et Marion Leboyer (INSERM U 955). « Alors que chacun de ces changements n’est observé que dans une petite partie des cas, l’ensemble de ces variations commence à représenter un pourcentage important de personnes atteintes d’autisme. » L’analyse totale devrait porter sur 3 000 familles. Le travail est en train d’être finalisé.
L’Autism Genome Project a permis dès 2003 l’identification des toutes premières mutations des gènes impliqués dans les mises en place des synapses dans l’autisme. D’autres découvertes ont suivi, montrant l’implication de mutations portant sur des gènes du fonctionnement des synapses : neuroligines, SHANK 3, Neurexin.
Nature, 9 juin 2010, doi:10.1038.
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