« Il existe une actualité forte dans la sclérodermie depuis 2 ans, indique le Pr Yannick Allanore. Les laboratoires pharmaceutiques se réorientent vers les maladies rares. La volonté politique des autorités de santé les y encourage. La sclérodermie systémique bénéficie du fait d'être un modèle de maladie fibrosante. Les résultats obtenus pourront être transposés dans la fibrose hépatique ou pulmonaire, des maladies de remodelage ou encore le vieillissement. »
Le congrès mondial biennal de la WSF connaît un succès croissant (plus de 1 000 participants pour la 4e édition, à Lisbonne en 2016). « Le fait que les scientifiques s'intéressent à la sclérodermie systémique est un message très positif pour les patients, précise le spécialiste. Cette maladie est difficile à vivre. Elle peut être handicapante mais aussi défigurante. Elle débute le plus souvent par un syndrome de Raynaud et comporte à 99 % un épaississement de la peau. La progression est très hétérogène. Pour l'instant, il y a peu de traitements : les inhibiteurs calciques, pour dilater les vaisseaux dans le syndrome de Raynaud ; l’iloprost et le bosentan, en prévention des ulcères digitaux à répétition. »
Une atteinte multi-organe hétérogène
Si la sclérodermie localisée limitée à la peau est fréquente, la sclérodermie systémique est rare. Cette maladie du tissu conjonctif touche la peau et d'autres organes (poumons, cœur, appareil digestif). La compréhension de sa physiopathologie a considérablement progressé : « La maladie est à l'interface de troubles microcirculatoires, d'un problème inflammatoire péri-vasculaire (avec activation immunitaire et production d'auto-anticorps) et d'une sur-activation des fibroblastes qui conduit à la fibrose », poursuit le chercheur. « Les patients sont mieux définis. La révision des critères de classification ACR-EULAR de la maladie en 2013, travail préliminaire, facilite la recherche. L'EUSTAR dispose d'une base de données de 13 000 cas avec suivi prospectif », précise le clinicien.
Les résultats commencent à sortir
Des traitements potentiels ont été identifiés aux 3 niveaux physiopathologiques. L'idée à l'avenir serait de combiner les approches et/ou de les séquencer. Le macitentan, antagoniste des récepteurs de l'endothéline utilisé dans l'hypertension artérielle pulmonaire, n'a pas fait ses preuves dans la prévention des ulcères digitaux ischémiques (« JAMA », 10 mai 2016). En revanche, le tocilizumab, inhibiteur de l'interleukine 6 (anti-IL6), a donné des résultats encourageants en phase 2 (étude faSScinate, « The Lancet », 5 mai 2016). « Il a permis de diminuer l'épaississement de la peau. L'effet n'est pas significatif par rapport au placebo, mais la tendance est nette avec un moindre déclin de la capacité vitale forcée, note le Pr Allanore, co-auteur de l'étude. Le laboratoire va initier une phase 3. » « D’autres grandes études internationales sont en cours, détaille le Pr Allanore, sur l'abatacept (Orencia, utilisé dans la polyarthrite rhumatoïde), le monoxyde d'azote, le riociguat (utilisé dans l'HTAP), le Terguride, un antagoniste de la sérotonine. Une phase 2 est en cours pour l'IVA337, un agoniste pan-PPAR. Quant au nintédanib (Ofev, AMM en 2015 dans la fibrose pulmonaire idiopathique), il est testé plus spécifiquement dans l'atteinte pulmonaire. »
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