RÉCEMMENT, des études d’association génomique ont identifié plusieurs variants génétiques associés au cancer du sein, fréquents chez les femmes mais qui ne confèrent qu’une légère augmentation du risque. Il reste à savoir dans quelle mesure l’ensemble de ces variants identifiés à ce jour améliore la classification des femmes à risque reposant sur les facteurs cliniques traditionnels du modèle de Gail.
Une équipe, dirigée par le Dr Sholom Wacholder (National Cancer Institute, Bethesda, États-Unis), a évalué la contribution d’un groupe de 10 variants génétiques communs récemment associés au cancer du sein, soit à la place soit en complément des 4 facteurs de risque traditionnels inclus dans le modèle de Gail (nombre de parents au premier degré atteints d’un cancer du sein, âge des premières règles et à la naissance du premier enfant, nombre de biopsies du sein). Six variants sont situés dans les gènes CASP8, FGFR2, TOX3, LSP1, MAP3K1, RAD51L1, et 4 variants sont situés sur les chromosomes 8q, 2q, 5p et 1p (gènes inconnus).
Leur étude porte sur 5 600 femmes ayant un cancer du sein et 6 000 femmes témoins, âgées de 59 a 79 ans, issues de 4 études de cohorte américaines et d’une étude cas-témoins polonaise.
En utilisant l’analyse de la courbe ROC (receiver-operating-characteristic), les auteurs ont calculé l’aire sous la courbe (AUC) pour mesurer la discrimination. Par définition, une classification aléatoire des cas et des témoins procure un AUC de 50 % et une classification parfaite procure un AUC de 100 %.
10 variants génétiques.
Résultat, l’addition des 10 variants génétiques n’améliore que modestement la prédiction du risque fondée uniquement sur le modèle clinique de Gail, avec un AUC de 62 % pour le modèle combiné contre un AUC de 58 % dans le seul modèle de Gail.
« Bien que le modèle de Gail et ceux incluant les SNP puissent aider à identifier des groupes de femmes à risque accru de cancer du sein pour les études d’interventions, aucun de ces modèles dans notre série de données ne prédit correctement le cancer du sein », concluent les chercheurs.
« Ces résultats indiquent que la récente identification des variants génétiques communs n’annonce pas l’arrivée de la prévention personnalisée du cancer du sein chez la plupart des femmes. Même avec l’adjonction de ces variants communs, les modèles de risque du cancer du sein ne sont pas encore capables d’identifier, de manière cliniquement utile, les femmes à risque réduit ou accru ».
« Pour les femmes qui souhaitent avoir un avis sur leur risque personnel de cancer du sein, il est visiblement trop tôt pour incorporer le dépistage des SNP dans une procédure de conseil, bien qu’il existe déjà sur Internet des publicités pour effectuer ces tests dans cette intention », commentent dans un éditorial les Drs Devilee (Leiden, Pays-Bas) et Rookus (Amsterdam).
« Toutefois, au niveau de la population, on peut escompter que les futurs modèles de prédiction auront un pouvoir de discrimination suffisant pour classifier les femmes selon leur groupe à risque, ajoutent-ils. La performance de nos outils pour stratifier les femmes selon leur risque de cancer du sein augmentera probablement de façon considérable au cours de la prochaine décennie ».
New England Journal of Medicine, 18 mars 2010, p 986 et 1043.
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