Une nouvelle molécule indiquée dans le traitement des troubles hyperkinétiques de la chorée de Huntington vient de démontrer son efficacité dans un article publié dans le « JAMA ».
La deutétrabénazine est un dérivé de la tétrabénazine, un inhibiteur du transport vésiculaire des monoamines, qui réduit la présence de monoamine dans les neurones moteurs, dont la dopamine. La tétrabénazine est autorisée dans le traitement des troubles hyperkinétiques de la chorée de Huntington, et commercialisée en France dans deux spécialités : Tetmodis et Xenazine.
Dans la deutétrabénazine, certains atomes d'hydrogène ont été remplacés par un de leurs isotopes : le deutérium. Ce replacement augmente la demi-vie de la molécule en handicapant les capacités de dégradation de ses métabolites actifs.
Des patients graves, mais pas désespérés
Au cours de l'essai, les membres de Huntington Study Group ont recruté 90 patients traités en ambulatoire dans 34 centres américains et canadiens. La moitié d'entre eux ont reçu un placebo et l'autre moitié a reçu de la deutétrabénazine. Les pathologies de l'ensemble de patients ont été confirmées par un test génétique. Il s'agissait de patients dont la maladie avait déjà considérablement progressé, puisqu'ils avaient un score de capacité fonctionnelle de 5 ou plus sur une échelle de 13 qui prend en compte la situation financière, l'accomplissement de tâches domestiques, les activités quotidiennes et le niveau de soin. Il ne s'agissait cependant pas de patient nécessitant une aide à domicile permanente.
Les patients ont commencé par une dose quotidienne de 6 mg/jour, en deux prises, et ont haussé la dose à raison de 6 mg de plus par jour, jusqu'à ce que les troubles hyperkinétiques soient contrôlés, qu'un événement indésirable important survienne ou que la dose de 48 mg/jour soit atteinte.
Au bout de 12 semaines de traitement, le score de sévérité de la maladie était réduit en moyenne de 4,4 points chez les patients sous traitement, passant de 12,1 à 7,7 points en moyenne. Dans le même temps, la diminution n'était que de 1,9 point (passant de 13,2 à 11,3 points en moyenne). La moitié des patients sous deutétrabénazine considère que leur état s'est beaucoup amélioré, contre 20 % dans le groupe placebo selon le Patient Global Impression of Change (PGIC). Selon le Clinical Global Impression of Change (CGIC), 42 % des patients sous deutétrabénazine avaient le sentiment que leur état s'était sensiblement amélioré contre 13 % dans le groupe placebo.
Il n'y avait pas de différence significative en ce qui concerne les effets secondaires du traitement. Les auteurs précisent cependant que les patients sous deutétrabénazine avaient une tendance à la prise de poids, suite à l'amélioration de leurs capacités de déglutitions.
Des résultats à prendre avec prudence
Dans un éditorial accompagnant la publication des résultats, les Pr Michael Geschwind et Nick Paras de l'université de Californie rappellent qu'il est impossible pour le moment de savoir si deutétrabénazine est plus efficace que la tétrabénazine. Ils notent cependant que le profil d'effet secondaire semble meilleur avec la deutétrabénazine et qu'un régime « basé sur 2 prises par jour est sans doute préférable au régime de 3 prises nécessaires au deutétrabénazine ».
Les auteurs, quant à eux, reconnaissent que les résultats de cette étude sont à interpréter avec prudence : « La maladie de Huntington progresse au fil pendant des années, voire des décennies, et les résultats de l'étude sont à prendre en compte dans le cadre d'un traitement limité à 12 semaines seulement », expliquent-ils.
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