DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE SYNDROME du QT long héréditaire, caractérisé par un allongement de l’intervalle QT sur l’ECG, est causé par des mutations de canaux ioniques ; ces mutations retardent la repolarisation cardiaque, élevant ainsi le risque de syncope et de mort subite par arythmies ventriculaires. Des mutations responsables ont été décrites dans une dizaine de gènes. Les types LQT1, LQT2 et LQT3 sont le plus souvent en cause.
Le risque de mort subite est estimé actuellement sur la base de critères cliniques tels que la durée du QT, l’âge et le sexe. On utilise rarement le génotype de la mutation, alors que certaines mutations pourraient être plus graves que d’autres.
Une étude, dirigée par le Dr Coeli Lopes (University of Rochester School of Medicine and Dentistry, NY) en collaboration avec des chercheurs américains, européens et japonais, apporte un nouvel éclairage qui pourrait aider à mieux stratifier le risque cardiaque chez les patients atteints du syndrome du QT long de type 1 (LQT1). Ce syndrome est cause par des mutations du gène KCNQ1, qui encode un canal à potassium.
Dans cette étude, 17 mutations ont été identifiées chez 387 patients atteints du LQT1 (provenant de 4 registres internationaux).
Les chercheurs ont exprimé les canaux mutants dans des cellules in vitro (œufs de grenouilles et/ ou cellules rénales embryonnaires humaines) afin d’étudier les changements induits par la mutation dans différentes mesures de la fonction du canal ionique : l’amplitude du courant du canal, la vitesse d’activation du canal et la vitesse de désactivation du canal KCNQ1.
Ils ont ainsi constaté que les canaux mutés ont des courants électriques plus faibles et tendent à s’ouvrir plus lentement (activation plus lente) que les canaux normaux.
Tandis que l’intervalle QT long est fortement corrélé à une baisse du courant électrique du canal, cette caractéristique du canal n’est pas corrélée au risque d’événements cardiaques chez les patients (syncope, arrêt cardiaque, mort subite).
Ouverture lente du canal.
En revanche, et c’est là le résultat majeur de l’étude, l’activation ralentie du canal (ouverture plus lente) est associée à un risque accru d’événements cardiaques avant l’âge de 30 ans, indépendant des facteurs de risque cliniques standard comme la durée du QT, le sexe et le traitement par bêta-bloquants.
De plus, dans le grand groupe de patients qui présentent un intervalle QT modérément long, c’est-à-dire inférieur à 500 ms (70 % des patients LQT1), l’activation ralentie du canal reste un facteur predictif des événements cardiaques, indépendant des facteurs de risque cliniques, alors que dans ce groupe l’intervalle QT ne procure aucune information pronostique.
Ainsi donc, le génotypage de la mutation (environ 15 000 mutations possibles dans le gène KCNQ1) et l’analyse de la fonction du canal ionique (en laboratoire spécialisé pour l’instant) pourraient permettre de mieux identifier ceux qui sont à haut risque de syncope ou de mort subite.
« Un traitement bêta-bloquant pourrait être indiqué chez les patients ayant des canaux s’activant lentement, en dépit de l’absence de symptômes et d’un intervalle QT seulement modérément allongé », notent les chercheurs.
Suivi étroit.
« De plus, les patients porteurs de mutations qui sont associées à des canaux s’activant lentement devraient être étroitement suivis, avec des interventions plus invasives si des symptômes surviennent pendant le traitement médical. »
« Nos résultats suggèrent aussi que le développement de médicaments qui affectent la cinétique de l’activation du canal pourrait être bénéfique pour les patients LQT1. »
Le Dr Coeli Lopes envisage d’étendre ces études aux autres gènes lies au syndrome du QT long et d’étudier si des variations génétiques communes dans la population pourraient aussi causer des problèmes fonctionnels similaires dans les canaux ioniques.
« En fin de compte, ces études pourront aboutir à un traitement personnalisé dans le syndrome du QT long et pourraient même s’étendre, peut-être, à prédiction la susceptibilité à l’arythmie cardiaque dans la population générale », confie au Quotidien le Dr Lopes.
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