Grâce à la révolution de la médecine génétique et prédictive, et au développement des traitements personnalisés, l’homme version 2.0 s’apprête à conquérir son immortalité, ou presque. Mais il risque de vivre cette éternité dans un monde « cannibale », théâtre de dérives eugéniques et d’atteintes effroyables aux libertés individuelles, jusqu’à l’anéantissement des plus faibles.
C’est ce scénario catastrophe que raconte avec brio et humour (noir) en 200 pages le consultant Philippe Rollandin, spécialiste des questions de santé et ancien journaliste, invitant à un sursaut collectif.
Conçu en grandes deux parties, l’ouvrage (préfacé par le Dr Laurent Alexandre) décrit dans un premier temps le triple choc (démographique, éthique et géopolitique) qui secouera l’humanité confrontée à cet allongement sans précédent de l’espérance de vie (120, 150 et 1 000 ans peut-être).
Après le jeunisme, le « papysme »
Dans ce monde ou l’Europe, les États-Unis et la Chine sont repeints en vastes maisons de retraite dès 2050/2060, le déséquilibre démographique fait voler en éclats les modèles traditionnels de protection sociale fondés sur la solidarité intergénérationnelle. Les frontières d’âge actuelles disparaissent en même temps que les trois cycles habituels de l’existence (éducation, production, retraite). « Le senior de demain aura 110 ans », prévient l’auteur.
Ce bouleversement de l’hyper-âge commande de tout repenser : phases de la vie, activité, organisation sociale et économique, transmission des patrimoines et jusqu’à l’équilibre mondial lui-même où un Occident vieillissant (et même agonisant…) lutte pour sa survie économique et politique.
Horreurs
La deuxième partie du livre, féroce et caustique, imagine ce fameux monde « cannibale » de 2065 en extrapolant les pires scenarii autour de la bioprédictivité. Dans cet univers où la doyenne est une Italienne de 178 ans, la vie des hommes est désormais entièrement programmée en fonction de leur potentiel : le séquençage du génome est devenu obligatoire et opposable permettant de déterminer exactement le parcours biologique de chaque individu, la survenue de ses maladies, et donc d’optimiser les strictes ressources sociales à sa disposition. Chacun doit équilibrer son compte social de vie en fonction de son profil, le dossier prédictif personnel a remplacé depuis longtemps le DMP.
Le récit de Philippe Rollandin alterne ici entre les horreurs éthiques (eugénisme d’État, opération « kangourou » consistant à importer en Occident de jeunes esclaves issus de pays à démographie positive, greffe clonique…) et les anecdotes réjouissantes. La télé courtise la ménagère de plus de 80 ans, le Stade de France a été reconverti en centre de rééducation fonctionnelle, les usines automobiles produisent des fauteuils roulants, les entreprises de chewing-gum sont devenues des fabricants de dentiers moulés et la société Serpamp cartonne en bourse avec ses couches pour adultes.
Pure science-fiction ? Plutôt une « anticipation », glisse l’auteur qui se garde bien d’apporter des solutions mais invite à replacer l’humain, même réparé et augmenté, au cœur de toutes les réflexions.
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