DE NOTRE CORRESPONDANTE
L’ÉLECTROCARDIOGRAMME (ECG) est utilisé en routine pour évaluer la conduction cardiaque, et les mesures obtenues, comme la fréquence cardiaque, l’intervalle PR et la durée du QRS, apportent de précieuses informations pronostiques. On sait par exemple qu’une fréquence cardiaque élevée est liée à la
morbimortalité cardiaque dans la population générale, et il a été rapporté un risque accru de mort subite chez les hommes ayant une fréquence cardiaque de repos supérieure à 75 battements par minute.
Récemment, il a été rapporté qu’un allongement isolé de l’intervalle PR (temps de conduction auriculoventriculaire) s’associe à un risque accru de fibrillation auriculaire (FA), d’implantation d’un pacemaker et de décès. Il est connu depuis longtemps qu’un allongement du QRS (dépolarisation des ventricules) est associé à une vie plus courte. Ces variables sont influencées par des facteurs génétiques. Trois équipes ont cherché à identifier des variations génétiques (SNP), communes dans la population et qui modulent la fréquence cardiaque, l’intervalle PR et la durée du QRS.
Deux nouveaux variants associés à la FA.
L’équipe deCODE genetics (Islande), dirigée par le Dr Hilma Holm, a conduit une étude d’association génomique chez 10 000 islandais d’origine européenne, puis a évalué les plus fortes associations dans
un second groupe de 10 000 islandais. Elle a ainsi identifié des associations entre :
- la fréquence cardiaque et un variant du gène MYH6, qui encode la chaîne lourde de l’alpha-myosine cardiaque ;
- l’intervalle PR et 4 variants dans les gènes TBX5, SCN10A, CAV1 et ARHGAP24 ;
- la durée du QRS et 4 variants dans les gènes TBX5 et SCN10A et les loci 6p21 et 10q21.
Le gène TBX5, qui encode un facteur de transcription intervenant dans le développement cardiaque, avait déjà été impliqué dans la conduction cardiaque. Le gène SCN10A qui encode un canal sodium n’avait curieusement jamais été lié à l’activité cardiaque. CAV1 encode une cavéoline, protéine membranaire impliquée dans le transport vésiculaire et la transduction du signal et ARHGAP24 encode une protéine activant la Roh-GTPase.
Les chercheurs ont ensuite testé ces 7 variants pour une association dans des séries cas-témoins islandaise et norvégienne de FA, bloc AV du deuxième ou troisième degré et maladie du sinus, ainsi que dans une population islandaise porteuse de pacemakers.
Ils ont observé des associations entre des variants communs du gène CAV1 (lie à PR) et la FA, et entre le gène TBX5 (lié à PR et QRS) et la FA et le BAV avancé.
Des variants du gène SCN10A (lié à PR et QRS) sont associés à l’implantation d’un pacemaker.
« Au cours de ces deux dernières années, nous avons découvert des facteurs de risque génétique majeurs pour la maladie cardiaque et l’accident vasculaire cérébral et nous avons introduit en pratique clinique des tests pour détecter ces facteurs de risque », explique dans un communiqué le Dr Kari Stefansson, directeur de deCODE.
« Nous renforçons le pouvoir de ces tests grâce à notre travail de découverte en cours, et les résultats d’aujourd’hui démontrent encore l’intérêt de l’usage des facteurs de risque intermédiaire et des mesures cliniques comme points d’entrée pour découvrir des facteurs de risque de maladie. »
« Ces dernières découvertes seront incorporées dans notre test deCODE pour la FA (TBX5 et CAV1) et dans notre test deCODE génomique ; certaines de ces découvertes pourraient aussi offrir des possibilités de développement thérapeutique », ajoute-t-il.
Le rôle du gène SCN10A confirmé.
Une équipe britannique, dirigée par le Dr John Chambers (Imperial College London, Royaume-Uni), a conduit une étude d’association génomique chez plus de 6 500 Indiens d’Asie (de l’étude LOLIPOP), et a identifié le même variant du gène SCN10A associé à l’intervalle PR.
Une étude de réplication chez plus de 6 000 Indiens d’Asie et 5 000 Européens a confirmé que le variant du gène SCN10A est associé à une conduction cardiaque prolongée (allongement de : durées de l’onde P, de l’intervalle PR et du QRS). Le variant du gène SCN10A est aussi associé à un risque accru de bloc cardiaque et un risque plus faible de fibrillation ventriculaire.
Des loci insoupçonnés.
Une troisième équipe, dirigée par le Dr Arne Pfeufer (Helmholtz Zentrum Munchen, Neuherberg, Allemagne), a réalisé une méta-analyse de 7 études d’association génomique européennes (AGES, ARIC, CHS, KORA, Etude Rotterdam, et SardiNIA), portant au total sur plus de 28 000 personnes.
Elle a identifié 9 loci associés à l’intervalle PR, parmi lesquels les gènes SCN10A et SCN5A codant pour des canaux sodium, et 6 loci près de gènes intervenant dans le développement cardiaque - TBX5-
TBX3, CAV1-CAV2, NKX2-5, SOX5, WNT11, et MEIS1.
Cinq des loci - SCN10A, SCN5A, CAV1-CAV2, NKX2-5, SOX5 - sont également associés à la FA. Cela suggère que des variations communes dans des canaux sodium et dans des gènes du développement jouent un rôle dans la conduction auriculaire et auriculoventriculaire ainsi que dans la susceptibilité à la fibrillation auriculaire.
Le point fort de cette étude est l’identification de loci totalement insoupçonnés, dont les gènes MEIS1 et SOX5.
Nature Genetics, 10 janvier 2010, Holm et coll., Chambers et coll, Pfeufer et coll., DOI: 10.1038/ng.511, DOI: 10.1038/ng.516, DOI: 10.1038/ng.517.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024