L’AUGMENTATION des triglycérides circulantes, par les voies des métabolismes lipidiques médiés par les triglycérides, a été associée au risque de maladie coronarienne. Des études épidémiologiques prospectives l’ont montré, mais cette association disparaît après ajustement pour le cholestérol HDL et non-HDL. Comme ce fait ne s’explique pas bien, il est difficile de conclure sur un lien de causalité entre l’hypertriglycéridémie et les maladies coronariennes.
Dans le «Lancet», le groupe « Triglycerides Coronary Disease Genetics Consortium and Emerging Risk Factors Collaboration » (Université de Cambridge, Royaume Uni) présente les résultats d’une grande étude randomisée mendelienne pour évaluer la part des triglycérides dans la causalité des maladies vasculaires athéromateuses.
Proximité du gène de l’apolipoprotéine A5.
Les études d’association du génome entier ont rapporté que des polymorphismes de gènes situés à proximité du gène de l’apolipoprotéine A5 (APOA5) constituent les déterminants génétiques les plus puissants de la concentration en triglycérides.
L’APOA5 est exprimée dans le foie et code pour une protéine associée aux VLDL riches en triglycérides. D’autres études ont rapporté des associations entre un variant de régulation du promoteur de l’APOA5, qui est le SNP (polymorphisme d’un seul nucléotide ) rs662799, et la concentration en triglycérides. Le polymorphisme rs662799 présente la qualité d’être fortement associé aux concentrations en triglycérides, mais peu aux autres lipides. Les auteurs ont ainsi dégagé un variant génétique unique, qui leur a permis d’étudier la probabilité d’une relation causale entre triglycérides et athérosclérose.
« Nous avons évalué le polymorphisme rs662799 du promoteur de l’APOA5 en relation avec les concentrations en triglycérides, différents facteurs de risque et le risque de maladie coronarienne, à partir de données de la littérature. » Une grande méta-analyse de 101 études prospectives a ainsi été réalisée.
Les investigateurs ont d’abord mesuré l’effet de rs662799 sur la concentration en triglycérides chez 73 252 individus (dans 39 études). Ils ont ensuite évalué l’association du même SNP directement avec le risque de maladie coronarienne par analyse de 20 842 cas et 35 206 témoins. Enfin, ils ont estimé le risque de maladie coronarienne conféré par une augmentation d’une déviation standard de la concentration en triglycérides dans un groupe de 302 430 participants, qui ont subi 12 785 événements coronariens.
« Bien que ces associations génétiques aient été déjà décrites, la force de cette étude réside dans la précision des informations provenant du grand nombre des cas et des témoins. »
Une augmentation de 16 % des triglycérides.
Les résultats montrent que l’allèle rs662799 est associé à une augmentation de 16 % des triglycérides (ou de 0,25 mmol/l) et à un odds ratio de 1,18 de maladie coronarienne.
Il est aussi montré que l’allèle rs662799 est associé à une concentrations plus élevée en VLDL ainsi qu’à des particules HDL de plus petite taille ; ce sont des voies par lesquelles les triglycérides pourraient affecter le risque de maladie coronarienne.
Le gène rs662799 n’est pas associé aux facteurs de risque non lipidiques et il ne l’est que peu fortement aux fractions du cholestérol, ce qui confirme son intérêt dans la démonstration. « Cette randomisation mendélienne, bien exécutée, fournit un argument solide en faveur d’une association entre l’APOA5, les triglycérides et le risque de maladie coronarienne. Néanmoins, une interprétation prudente de ces conclusions causales est de mise, car la nature réelle de l’effet des triglycérides sur le risque coronarien a besoin d’être clarifiée », commente Guillaume Pare (Hamilton, Canada) dans un éditorial.
The Lancet, vol.375, 8 mai 2010, p. 1634-1 639 et commentaire p. 1584-1586.
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