« Un des problèmes majeurs pour les maladies psychiatriques est l’absence de marqueur objectif pour aider au diagnostic » explique Stéphane Jamain, chercheur à l’INSERM *. Ses travaux apportent un éclairage nouveau sur les frontières entre ces différentes maladies en montrant que les mêmes gènes peuvent prédisposer à plusieurs maladies psychiatriques.
Les études familiales de jumeaux et d’adoption ont clairement démontré le rôle important que jouent les facteurs génétiques dans la vulnérabilité à la schizophrénie aux troubles bipolaires et l’autisme.
Les études issues du séquençage du génome humain ont permis d’identifier des gènes associés à ces maladies, mais avec une grande variabilité entre les individus. Elles n’ont pu mettre en évidence des différences significatives entre les patients et les sujets témoins en raison du faible nombre de patients étudiés (100 à 500 patients versus autant de témoins), alors qu’aujourd’hui les études rassemblent de 2 000 à 5 000 patients et autant de sujets témoins.
Interaction de plusieurs gènes.
Les recherches au cours de ces dernières années ont amélioré les connaissances sur les facteurs de vulnérabilité génétique. Elles ont montré que ces maladies ne sont pas déterminées par un seul gène, mais par l’interaction de plusieurs gènes et de nombreux facteurs environnementaux. Les études se heurtent à l’hétérogénéité des symptômes de ces maladies et à l’hétérogénéité des gènes de vulnérabilité. Aucune spécificité clinique rapportée à un gène n’a été mise en évidence.
D’autres voies de recherche se sont donc orientées vers l’identification de sous-groupes homogènes au point de vue clinique en supposant que cette homogénéité puisse être sous-tendue par un petit nombre de gènes.
Stéphane Jamain et son équipe ont ciblé leurs travaux sur les formes de troubles bipolaires à début précoce (apparition des premiers symptômes avant l’âge de 22 ans) qui sont plus graves et répondent moins bien aux traitements. Ils ont identifié, chez les patients atteints de cette forme précoce une mutation fonctionnelle dans un gène exprimant une protéine contrôlant la libération la libération de neurotransmetteurs. Ce gêne de susceptibilité avait déjà été impliqué dans les troubles de l’attention et de l’hyperactivité de l’enfant qui sont aussi fortement associés aux pathologies bipolaires à début précoce.
Facteurs environnementaux.
Plusieurs études récentes suggèrent que des mêmes gènes contribueraient à la vulnérabilité à plusieurs maladies psychiatriques. Les différences observées dans leur expression clinique pourraient s’expliquer soit par l’intervention d’autres gènes (composante polygénique) soit par celles de facteurs environnementaux.
Les recherches s`orientent donc aujourd’hui vers l’analyse des interactions entre les gènes de vulnérabilité et les facteurs non génétiques comme la présence de traumatisme pendant l’enfance ou l’exposition maternelle à des agents infectieux pendant la grossesse.
L’équipe de Stéphane Jamain et celle de Patricia Gaspar**, qui travaille sur le rôle de la sérotonine dans le cerveau en développement, participent à l’École des Neurosciences de Paris-Ile de France (ENP) dont le directeur est Jean-Antoine Girault, également directeur de l`Institut du Fer à Moulin.
Conférence de presse INSERM, Institut du Fer à Moulin
* Chercheur au sein de l’Unité INSERM 955 « Institut Mondor de recherche biomédicale » et membre de la Fondation FondaMental, réseau de coopération scientifique en santé mentale.
** Directrice de recherche à l’INSERM Unité 839, Inserm-UMPC, « Institut du Fer à Moulin ».
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