COMMENT ne pas se sentir impuissant devant la détresse d’un acte suicidaire ? Tenter de le comprendre permet de se protéger de la violence et de l’angoisse. Mais c’est surtout une étape nécessaire pour pouvoir dépister, prévenir et aider. Plusieurs équipes Inserm mènent différents travaux de recherche à l’aide des neurosciences dans le but de mieux cerner la vulnérabilité suicidaire.
Si la dépression est le principal facteur de risque de suicide, tous les dépressifs ne se suicident pas, loin de là. Les raisons qui y poussent sont multiples et complexes. Une théorie ne suffirait pas, à elle-seule, à expliquer le phénomène. Ainsi l’équipe « Psychiatrie génétique », de l’unité Inserm 513 à l’hôpital Henri Mondor (Créteil), mène des recherches sur l’hypothèse génétique et l’équipe « Génétique des maladies neuropsychiatriques », de l’unité Inserm 888 à Montpellier, travaille de manière plus large sur les interactions entre le génome et l’environnement dans les maladies neuropsychiatriques, en particulier dans les conduites suicidaires.
La génétique du suicide
Au sein de l’unité Inserm 888, l’équipe dirigée par les Prs Philippe Courtet et Alain Malafosse s’est très tôt intéressée à l’analyse des gènes sérotoninergiques. De nombreux travaux avaient montré en effet par le passé que les taux de sérotonine étaient très bas chez les suicidés. L’approche de départ de l’équipe était celle du gène-candidat : les gènes identifiés sont a priori défectueux, puisqu’ils sont potentiellement impliqués dans la physiopathologie. Plusieurs gènes-candidats ont été ainsi analysés, comme, par exemple, l’axe du stress. Les chercheurs amorcent aujourd’hui un virage en se tournant vers des études pangénomiques, avec un très grand nombre de marqueurs. S’il s’agit de la génétique du suicide, le Pr Franck Belivier (Créteil) tient à préciser que « si on parle de facteur de vulnérabilité génétique, il ne s’agit en aucun cas de maladies génétiques où il existerait un "gène du suicide" (...) La génétique n’est pas envisagée comme une finalité, mais comme un outil d’investigation des mécanismes neurobiologiques qui sous-tendent les conduites pathologiques ».
Prise de décision et désapprobation.
La neuropsychologie postule qu’il y aurait, au niveau du cortex orbitofrontal, un dysfonctionnement sérotoninergique, qui pourrait expliquer la vulnérabilité suicidaire. L’équipe du Pr Courtet a démontré que la prise de décision était une fonction cognitive impliquée dans la vulnérabilité suicidaire. En s’appuyant sur les travaux du neurologue américain Antonio Damasio, les chercheurs ont observé le comportement lors d’un jeu de cartes chez trois groupes de patients : dépressifs avec antécédent de tentative de suicide (TS), dépressifs sans TS et contrôles. D’après Damasio, la prise de décision est sous-tendue par l’émotion et les personnes trop « émotives » auraient des difficultés dans la prise de décision.
À l’IRM fonctionnelle, il existe une hyperactivité du cortex orbitofrontal chez les suicidants, quand ils visionnent des visages exprimant la colère. Ces sujets sont hypersensibles à la colère, qui exprime le rejet et la désapprobation.
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