LASSANA DIARRA n’ira pas en Afrique-du-sud pour la Coupe du monde. Joueur professionnel du Real Madrid, d’origine malienne mais né en France, il était pourtant pressenti pour être l’un des milieux de terrain des Bleus. C’est par un communiqué de la FFF (Fédération française de football) que l’annonce a été faite : « Suite à sa douleur contractée sur le glacier, les bilans médicaux ont mis en évidence une maladie imprévisible qui justifie du repos pour une période indéterminée. En conséquence Lassana Diarra est forfait pour la Coupe du monde. » Invoquant le secret médical, les membres de l’encadrement médical ne se sont pas exprimés. Seul l’entraîneur, Raymond Domenech, a livré quelques commentaires : « Je ne peux pas vous dire précisément (de quoi souffre Lassana Diarra) , il était surtout physiquement inapte, il était vraiment épuisé, cette maladie a été déclenchée par l’altitude, il avait des prédispositions, mais qu’on ne pouvait pas déceler à l’avance. » Il estime à deux semaines, la période de repos nécessaire. « Il est épuisé, il a besoin de 15 jours de repos complet, il va récupérer. Il n’y aura pas d’incidence sur la suite de sa carrière, mais il est inapte pour participer à la Coupe du monde », a-t-il ajouté.
« Une anémie falciforme ».
C’est lors d’un stage préparatoire à Tignes (Savoie) que les premières douleurs intestinales sont apparues, obligeant le joueur à quitter ses partenaires. La décision a semble-t-il été prise après une série de tests médicaux réalisés au centre hospitalier de Bourg-Saint-Maurice. Finalement, le diagnostic de drépanocytose est évoqué par son club, le Real Madrid, qui parle d’une « anémie falciforme ».
Le Dr Gérard Dine, chef de service du laboratoire d’hémato-immunologie au Centre hospitalier de Troyes, s’interroge. « Il ne peut s’agir d’une drépanocytose majeure, qui impose une transfusion toutes les 3 à 4 semaines, ce qui est incompatible avec le haut niveau. Le joueur serait donc porteur d’un trait drépanocytaire et donc d’une forme mineure. Vu la fréquence de la maladie et compte tenu du nombre élevé de sportifs originaires d’Afrique ou des Antilles, la recherche de l’anomalie devrait être systématique. C’est le B-A-BA du suivi biologique », souligne-t-il. La recherche d’une ß-thalassémie fait aussi partie du bilan de ces sportifs. « Ces patients subanémiques sont sensibles à l’hypoxie. Le problème n’est pas tant médical que physiologique. Il faut ajuster la charge d’entraînement et adapter les temps de récupération », poursuit le Dr Dine.
Le diagnostic évoqué par le Real Madrid soulève un certain nombre de questions. Le joueur savait-il et a-t-il omis de transmettre l’information ? Le club avait-il réalisé les examens nécessaires et avait-il informé le staff médical de l’équipe de France ? La haute altitude est connue comme étant à risque. Les porteurs d’une drépanocytose hétérozygote ont un risque de déclencher une crise de falciformation au-delà de 2 000 m. Selon le Dr Dine, un traitement préventif existe : « Pour prévenir l’impact de l’hypoxie sur les globules rouges drépanocytaires, un traitement fluidifiant est possible. » Le spécialiste assure que si toutes les précautions sont prises, l’anomalie est tout à fait compatible avec le sport de haut niveau : « Grâce au suivi biologique, nous savons qu’une vingtaine de sportifs, parmi les grands champions dans des disciplines comme l’athlétisme, le hand-ball, le basket ou le rugby, sont porteurs d’un trait drépanocytaire, ce qui ne les empêche pas de faire carrière. »
La loi du sport .
Lassana Diarra, lui, ne participera pas à la grande fête quadriennale du football mondial. À la Fédération française de football rien ne filtre : « Le Dr Alain Simon, médecin de l’équipe de France , ne communique pas sur le sujet. » Le Dr Patrick Leiritz assure seulement que « tous les footballeurs ont un suivi biologique régulier. C’est une obligation ». « Lass », c’est son surnom, comme les autres. Quant à Raymond Domenech, il affirme que le joueur va mieux. « C’est lourd. Rater une Coupe du monde comme ça, c’est difficile mais c’est la loi du sport ... Cela va mieux mais il a une grosse fatigue. Il a besoin de récupérer mais il pourra rejouer. C’est vraiment l’altitude qui a provoqué cela. Il va pouvoir reprendre son travail », a-t-il précisé à la veille du premier match préparatoire de l’équipe.
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