Identifié dans le syndrome de Williams

Un gène lié au déficit d’intelligence

Publié le 23/07/2010
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ON NE PEUT certainement pas dire que Michael C. Gao (Los Angeles, États-Unis) et coll. ont découvert un gène de l’intelligence. En revanche, on peut dire qu’ils viennent de faire faire un pas à la connaissance sur la génétique des fonctions cognitives. Comme il est admis qu’existe un lien entre l’hérédité et l’intelligence, les chercheurs ont eu l’idée de confronter l’expression quantitative d’un gène et les tests de QI chez des sujets atteints d’un syndrome de Williams. Avant d’entrer plus avant dans le détail de leur travail, disons qu’ils ont effectivement constaté des variations entre les niveaux du transcrit du gène STX1A et l’intelligence chez les 65 participants.

Les troubles neurodéveloppementaux du syndrome de Williams offrent une possibilité unique d’étudier les relations entre gènes et QI car l’affection est due à la délétion de 28 gènes sur le chromosome 7q11.23. De plus ces patients présentent un handicap intellectuel dissocié. Alors qu’ils réalisent de bonnes performances sur les tests de vocabulaire et de raisonnement abstrait, ils échouent sur les épreuves mathématiques, visuospatiales et de mémoire.

Exemplaire unique du gène.

Dans l’étude de la corrélation entre ce syndrome et les délétions de gènes, deux pistes génétiques sont explorées. D’une part, dans des travaux antérieurs, deux gènes (GTF212 et GTF21IRD1) ont été associés à l’atteinte de la construction visuospatiale. D’autre part, une piste différente est celle du niveau d’activité des gènes demeurant sur l’un des deux chromosomes 7q11.23. Ce qui veut dire que, au cours du syndrome de Williams, les personnes porteuses d’une délétion ont perdu un exemplaire d’un gène pour n’en conserver qu’un, sur un seul chromosome. L’altération ou la diminution d’activité de cet exemplaire unique du gène serait le responsable ultime de la symptomatologie du syndrome.

L’équipe a donc formulé une hypothèse selon laquelle la sévérité du déficit cognitif est liée au niveau d’expression de ce gène résiduel. Pour y parvenir, Michael C. Gao et coll. ont donc corrélé les tests de QI à l’expression de 10 gènes situés sur la délétion du chromosome 7. Cette étape, si elle est classique au plan de l’étude génétique par RT-PCR (réaction de polymérisation en chaîne en temps réel), a rencontré une difficulté pour les tests de QI. En effet, les tests classiques sont mal adaptés à l’étude du syndrome de Williams. L’équipe a donc dû se tourner vers les sous-items PCA (analyse du composant principal) du questionnaire WAIR-S.

Ainsi est apparue la notion que l’expression relative du gène STX1A participe pour 15,6 % dans les variations du test PCA. Après corrections par de multiples tests, il apparaît nettement que STX1A prédit, en partie tout au moins, l’intelligence au cours du syndrome de Williams. Les chercheurs précisent qu’il est impossible d’extrapoler cette conclusion aux individus sains qui ont servi de témoins. Les résultats montrent uniquement que l’étude quantitative de l’expression des gènes fournit une vision génétique et neurobiologique de ces patients et éventuellement de la population générale.

PLoS ONE, avril 2010, vol 5, n° 4, e10292.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8759