La santé en librairie
LA PROCRÉATIQUE, au sens d’ensemble des « interventions biomédicales qui ont pour cible la procréation humaine », de science de l’intervention sur le processus procréateur humain, et notre société sont étroitement et indissolublement liées, explique le psychiatre et docteur en philosophie Benoît Bayle. Au point qu’elle structure notre rapport à autrui.
« Force est de reconnaître qu’une gestion sélective des naissances » gouverne désormais le cur de la cité postmoderne, qui s’est peut-être affranchie de l’emploi du terme « eugénisme » mais qui en réalise pour une part le projet. « Même s’il s’agit d’un eugénisme plutôt de type néomalthusien, de sensibilité politique opposée aux idéologies d’extrême droite. »
Sans le mouvement des idées qui les a encouragées, ces découvertes scientifiques concernant la procréation et la maîtrise de la conception n’auraient pu voir le jour et se développer, estime l’auteur ; d’où son analyse consacrée à la révolution culturelle et idéologique du XX e siècle, à la contribution psychanalytique, aux bouleversements apportés par le féminisme, le « déclin » du christianisme, à la position du marxisme sur ces questions.
Génocide procréatique.
« Les enfants issus de la société procréatique sont le résultat d’un tri prénatal arbitré par les parents avec l’aide des médecins, entre les enfants désirés et non désirés d’une part et entre les enfants en suffisamment bonne santé et ceux jugés incurables d’autre part. La première étape est celle de l’ajustement du produit de conception à la logique du désir, puis la deuxième satisfait au contrôle sanitaire du ftus », écrit-il.
Bref, notre société démocratique moderne et libérale pratique une forme de génocide procréatique, prénatal ou préconceptionnel qui concourt, par des méthodes « licites, non criminelles pénalement et non imposées, à l’extinction de divers groupes d’individus ».
Poursuivant sa réflexion sur l’importance du lien entre la conception et le développement psychologique de l’individu, sur la psychopathologie conceptionnelle, Benoît Bayle souligne et développe les enjeux et les risques psychopathologiques de cette pratique postmoderne de la procréation (des enfants de « remplacement » aux enfants issus de sélection de ftus obtenus par FIV en passant par les enfants conçus après IVG).
L’enfant de la société procréatique aussi désiré soit-il, n’est-il pas soumis au pouvoir exorbitant de ses parents, demande l’auteur ?
Mais alors, quid du progrès, de la liberté sexuelle, de l’émancipation féminine ? Il ne s’agit pas de proposer le retour au passé, assure-t-il, mais de penser aux désillusions et désenchantements que nous réserve cette société procréatique, rabaissant l’homme à « un objet de production soumis au contrôle qualité ». C’est donc une remise en cause assez radicale des dogmes professés avec une foi aveugle par la société procréatique ( « confusion trompeuse de la santé et du bien-être, primat tyrannique de la jouissance sexuelle, culte excessif de l’enfant désiré, suppression des vies indignes d’être vécues, différence prénatale hors fondements rationnels ») que propose Benoît Bayle.
Benoît Bayle, « À la poursuite de l’enfant parfait », Éditions Robert Laffont, 320 pages, 20 euros.
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