Contre le risque iatrogénique en EHPAD

Ateliers thérapeutiques et animations favorisent l’autonomie

Publié le 21/07/2014
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Antalgiques, cardiotropes, IPP et psychotropes figurent dans le top 10 des classes de médicaments les plus prescrits en EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ). Si la polymédication est habituelle et souvent légitime chez le sujet âgé, le fait de diminuer la prescription de certains médicaments peut favoriser le maintien de son autonomie en EHPAD.

C’est ce qu’a souhaité prouver l’Institut du Bien Vieillir du groupe Korian*, par le biais d’études et d’expérimentations faites sur le terrain. « Nous menons depuis quelques années une politique du médicament active fondée sur plusieurs axes de travail. Nous avons notamment travaillé, avec les médecins traitants, sur la bonne utilisation des antalgiques et des cardiotropes. Mais aussi, sur la réévaluation de la pertinence des prescriptions de neuroleptiques chez les personnes âgées démentes résidant dans nos établissements parisiens », souligne le Dr Nadia Cohen, conseillère médicale du groupe.

Autre axe développé par l’Institut : la mise en place d’ateliers thérapeutiques et animations - appelées « flash » en interne - aux thématiques variées (musicothérapie, ateliers cuisine, poterie, récits de vie, promenade, massages...) pour la prise en charge des résidents souffrant de démence et de troubles aigus du comportement. Quant aux pôles d’activités et de soins adaptés (PASA), ils accueillent, pour leur part, les résidents ayant des troubles modérés du comportement.

Une prise en charge pluridisciplinaire

« Lorsqu’une personne âgée présente une crise aiguë, nous tentons de lui offrir une activité distrayante, qui lui plaise - par le biais des ateliers et animations « flash » - au lieu de lui proposer un neuroleptique en premier réflexe. Lorsque le trouble du comportement est chronique, nous optons plutôt pour les PASA. Ces derniers sont des lieux d’accueil temporaires (hospitalisation de jour) dédiés à nos résidents (de 12 à 14 places) offrant un accompagnement personnalisé associant relaxation et stimulation (ateliers mémoire, chants, peinture...). Nous disposons, pour cela, d’une équipe pluridisciplinaire (assistants de soin en gérontologie, psychomotricien(ne), ergothérapeute, psychologue) spécifiquement formée », précise le Dr Philippe Denormandie, directeur général adjoint du Groupe Korian et directeur de l’Institut du Bien Vieillir Korian.

Une fois la crise passée ou atténuée, le résident cesse de fréquenter le PASA en journée et retrouve sa vie quotidienne en EHPAD. « Notre travail sur la pertinence de la prescription de neuroleptiques, les ateliers, les animations Flash et les PASA a permis aux établissements pilotes (5 EHPAD, soit 479 résidents observés d’avril 2012 à mars 2013) de voir leur prescription de neuroleptiques divisée par deux : 11,8 % (contre 24,7 %, en moyenne, dans les autres établissements de France). Notre objectif est de déployer ces programmes expérimentaux sur l’ensemble de nos EHPAD », confie le Dr Cohen.

L’institut Bien Vieillir Korian a, enfin, édité un Livret du médicament un guide pratique permettant aux soignants des EHPAD et à tous les professionnels de santé de prendre en compte le risque iatrogénique chez le sujet âgé.

*Le groupe Korian regroupe 4 métiers : EHPAD (près de 600 en Europe), soins de suite, activité de domicile et résidence service : www.institutdubienvieillirkorian.

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9343