MEDECINS EN EPHAD Avec la réforme de la tarification, tous les établissements accueillant des personnes âgées deviennent progressivement des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Désormais, on en compte 6850 soit près de 515 000 places d’hébergement. Une offre encore insuffisante au regard des besoins actuels, même si la médicalisation des solutions se renforce, notamment grâce à l’action des médecins coordonnateurs.
Nouveaux managers, les médecins coordonnateurs des établissements pour personnes agées dépendantes (EHPAD) pilotent au jour le jour la politique médicale gériatrique de ces structures où l’évaluation et la prise en charge de la dépendance sont des chantiers permanents. Les médecins libéraux qui suivent leurs patients devraient et doivent être davantage associés à la vie de ces Ehpad, qui restent au regard de la loi, des lieux de résidence.
« ESPRIT D’EQUIPE, sens des initiatives, des responsabilités et de l’organisation… », les multiples annonces publiées chaque semaine dans la presse et notamment dans le Quotidien, permettent de penser que le médecin coordonnateur idéal est un profil plutôt recherché.
De nombreux établissements habilités à accueillir des personnes âgées dépendantes (Ehpad) cherchent à recruter, la plus part du temps sans délai. Il faut bien reconnaître que ces structures autorisées à dispenser des soins de longue durée, font désormais la part belle au corps médical. Exercice à temps partiel, rémunérations plutôt honnêtes sont devenues monnaies courantes pour ces établissements qui au regard de la loi restent un simple lieu de résidence.
Les personnes hébergées y sont pourtant bel et bien encadrées. L’article L. 313 du code de l’action sociale et des familles, remanié une bonne douzaine de fois depuis 2002, est désormais doté d’un 5e alinéa entièrement consacré aux personnels de ces Ehpad, dressant le décor en attribuant aux médecins coordonnateurs, un rôle de premier plan. « Chargés de contribuer auprès des professionnels de santé exerçant dans l’établissement, à la bonne adaptation aux impératifs gériatriques des prescriptions de médicaments et des produits et prestations, » ils ne sont pas habilités à prescrire, du moins pour le moment.
Un texte très attendu
Sur le terrain, cette coordination passe par la mise au point d’une liste des médicaments à utiliser préférentiellement établie selon les prescriptions des médecins traitants des résidents avec le pharmacien. Cette concertation permanente qui doit être la plus étroite possible, laisse au médecin coordonnateur, la possibilité de passer contrat avec des réseaux de soins pour renforcer la médicalisation offerte aux résidents. Les contours de cet exercice qui fait appel au tact et à la mesure, requière aussi une bonne dose de diplomatie. Une fonction qui attend toujours d’être précisée par voie de décret.
Ce texte dont la dernière mouture est prête devrait être publiée rapidement, du moins si l’on en croit certaines sources gouvernementale. Les professionnels du secteur l’attendent en tout cas avec impatience depuis longtemps et cela de façon quasi unanime. Beaucoup restent encore sceptiques sur sa publication imminente et redoutent que le prochain remaniement ministériel, qui relancerait pendant des mois ce texte dans le périlleux circuit des signatures, retarde d’autant cette reconnaissance de leurs missions.
Une 13e mission attendue
Scrutant les colonnes du Journal officiel, fédérations et syndicats attendent à plus d’un titre cette publication.
D’abord, ce texte leur confie une 13e mission, autorisant les médecins coordonnateurs à prescrire « en cas d’urgence, de risques vitaux ou à l’occasion de la survenue de risques collectifs ou exceptionnels. » Aussi, « l’évaluation des besoins en soins requis » permettra aux médecins coordonnateurs de prendre de nouvelles initiatives. Cela fera bientôt un an que cette proposition a été faite par le groupe de travail piloté par Dr Nathalie Maubourguet, présidente de la fédération française des associations de médecins coordonnateurs en EHPAD (FFAMCO-EHPAD) entourée du Dr Alain Lion, gériatrie gestionnaire d’un établissement et du Pr Claude Jeandel, président du collège professionnel des gériatres. Leur rapport présentant 13 propositions pour améliorer la coopération entre les intervenants libéraux, l’établissement et le médecin coordonnateur est sur le bureau de la Secrétaire d’État chargée des aînés, Nora Berra, depuis le 14 décembre 2009.
Alors sans signe d’impatience, les professionnels attendent tout de même que ces conclusions qui convergent pour clarifier la position du médecin coordonnateur au sein de l’établissement tant vis-à-vis de l’équipe soignante que de la direction administrative, fassent enfin l’objet de mesures concrètes. En chargeant plus concrètement les médecins coordonnateurs d’organiser et de superviser les soins, en leur donnant des responsabilités nouvelles, notamment par la signature de contrats de travail « rénovés », en précisant plus clairement les droits et devoirs du praticien, nécessairement salarié d’un établissement voire même de plusieurs puisqu’il exerce en moyenne dans deux voire, trois Ehpad.
Ce cumul rendu possible par la pénurie de candidats dans certaines régions est mathématiquement très encadré depuis la savante définition établissant le temps de présence du médecin coordonnateur dans l’établissement, en fonction du nombre de ses résidents. Un temps de travail qui s’échelonne donc de 0,25 équivalent temps pleins (ETP) pour un établissement compris entre 25 et 44 places, à un ETP à partir de 200 résidents.
Un rythme ou une cadence qui à priori n’a rien d’infernal. Le médecin coordonnateur endosse tout de même de sérieuses responsabilités qui le positionnent désormais en manager. Pour tenir la baguette et surtout ne pas en limiter l’usage à faire simplement avancer les autres sans explication, le médecin coordonnateur est une fonction prometteuse qui exige capacité d’écoute et communication, mais réclame aussi le respect des valeurs humaines indispensables à la gestion des crises et des conflits. L’art d’une certaine maîtrise de soi dans les relations confraternelles pour une prise en charge des « patients-résidents » sans fausse note.
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