EN ENTAMANT une procédure d’admission pour permettre à un patient de franchir le seuil d’un établissement, médecins coordonateurs et médecins traitants rendent leurs avis. En se prononçant sur l’état de santé des candidats, évaluant leur dépendance et la possibilité pour l’établissement de les accueillir, la permanence des soins requière une coordination très étroite des divers intervenants médicaux et paramédicaux salariés ou libéraux qui interviennent auprès de la personne âgée. « À l’arrivée, un résident peut avoir une ordonnance de 10 médicaments différents à avaler chaque jour d’où l’idée de profiter de cette entrée en établissement pour repartir sur de bonnes bases et reprendre en compte toutes les pathologies de la personne à travers une concertation entre le médecin coordonnateur responsable de la prise en charge globale du patient et le soin spécifique aux malades qui relève de son médecin traitant , » affirme Stéphane Meyer président des médecins coordonnateurs de la Haute-Vienne, à l’initiative d’un événement intitulé « printemps des Ehpad » qui fleurit désormais à travers toute la France.
Tout remettre à plat, ne signifie pas pour autant tout remettre en cause. À ce stade de vulnérabilité et de fragilité, les personnes qui emménagent en Ehpad, ne peuvent purement et simplement pas se passer de « leur médecin,» celui qui les connaît si bien, y compris au-delà du cas clinique, qui ne résume pas une vie et qu’il devient peu à peu indispensable de mieux comprendre lorsque son terme approche. En rejoignant un EHPAD, un patient change simplement de lieu de résidence et rien ne peut à priori ébranler les liens qui existent avec son médecin traitant. Pourtant, dans les faits, des obstacles se dressent et rien ne serait fait pour faciliter l’accès des libéraux à leurs patients résidents dans bon nombre d’établissements. La définition de plage horaire de visite à la fois étroite et délibérément peu compatible avec l’ouverture d’un cabinet de ville serait le principal obstacle.
Cette question a été soulevée début septembre dans le cadre d’un débat organisé par le centre national des professions libérales de santé (CNPS). Aux côtés du Dr Michel Chassang, Florence Arnaiz Maumé, déléguée générale du syndicat national des établissements et résidences pour personnes âgées est venue expliquer toute l’importance de conserver le libre choix des praticiens qui prennent en charge les personnes âgées : « un choix désormais menacé dans le seul but de réaliser des économies,» dénonçait-elle.
L’importance du contrat
Pour déjouer ces rapports parfois tendus, Nora Berra, secrétaire d’État aux aînés, suggère d’autres solutions pour organiser la nécessaire coordination entre les acteurs médicaux. Favorable à la mise en place d’un « contrat portant sur les conditions d’exercice que tout professionnel de santé libéral s’engage à signer pour intervenir en Ehpad, » elle souhaite favoriser l’exercice mixte ville/hôpital et libéral/salarié. L’une des solutions préconisées serait de construire des équipes pluridisciplinaires et de leur assurer une meilleure formation. Recherchant un « système attractif pour faire venir de nouveaux professionnels de santé et d’assurer ainsi la pérennité du fonctionnement médical, » Nora Berra soutient l’idée de multiplier les groupements de coopération sociale et médico-sociale (GCSMS) à l’échelle d’un territoire. Une perspective qui ouvre désormais de larges possibilités aux médecins libéraux qui ont leur place dans ces réseaux des structures médico-sociales regroupant Ehpad, l’hôpital local et associations intervenant dans le secteur des personnes âgées. Une approche qui permettrait à chaque catégorie d’acteurs de trouver sa place, médecin en tête. Déjà au niveau des Ehpad, médecins coordonnateurs et médecins libéraux conjuguent leurs exercices pour poser ensemble les bases de bonnes pratiques de soins, nourrir les dossiers médicaux communs et de ce point de vue, la télémédecine offre de nouvelles perspectives. Mais la technologie ne pourra pas tout. L’exercice en Ehpad peut aussi être partiellement salarié à condition d’aller au-delà de la simple convention et de se mettre d’accord sur les termes d’un contrat de travail en bonne et due forme, sur lequel vous pouvez au préalable demander l’avis du conseil de l’ordre. Bien organisé au niveau des horaires, son exercice serait alors plus facilement conciliable avec la poursuite d’une activité en cabinet libéral lorsqu’un praticien suit de nombreux patients dans un même établissement. Aujourd’hui rien ne l’interdit, mais rien ne vous y pousse. L’exercice mixte est une simple possibilité, peut être une solution à explorer.
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