Pour améliorer la prise en charge des patients atteints de multimorbidité, l'Académie nationale de médecine a émis diverses recommandations. Trois mesures majeures sont à mettre en œuvre : « hiérarchiser les prescriptions, supprimer les redondances et coordonner les intervenants ». Les auteurs proposent aussi une ALD spécifique.
Les personnes âgées de plus de 65 ans présentent en effet six maladies en moyenne (d'après une enquête de 2008 sur la santé et la protection sociale de l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé - IRDES). « Le but est de donner des pistes d'amélioration et d'inciter les sociétés savantes et les agences gouvernementales de santé à envisager des recommandations adaptées à la multimorbidité, ciblant telles ou telles associations de maladies », explique le Pr Rissane Ourabah, un des auteurs de l'étude, médecin généraliste retraité et membre de l'Académie.
Éviter le risque de mauvaise observance et la iatrogénie
Avec le vieillissement de la population et une espérance de vie qui augmente, les personnes polypathologiques sont de plus en plus nombreuses. Pourtant, « la plupart des recommandations pour la pratique clinique sont construites selon une approche de "maladie unique" », souligne le rapport. De fait, si les médecins respectaient chaque recommandation à la lettre, le nombre de médicaments à prendre quotidiennement atteindrait jusqu'à 18 chez un patient présentant six maladies chroniques. En plus d'augmenter le risque d'une mauvaise observance, cette multiplicité des traitements n'est pas sans engendrer un risque d'interactions médicamenteuses délétères et un risque iatrogénique, avec des conséquences en termes d'hospitalisations et de coût.
Coordiner et hiérarchiser les soins
« La multimorbidité entraîne une charge énorme de soins, accompagnée d'une multiplicité d'intervenants et de prescriptions », indique le Pr Rissane Ourabah. L'objectif de ce rapport est donc de proposer un dispositif de prise en charge pour ce type de situation, tout en soulignant le rôle essentiel du médecin généraliste ou référent. Leur rôle est de coordonner et de hiérarchiser les soins, tout en prenant en compte le malade dans son ensemble (retentissement des maladies sur la vie quotidienne, environnement du patient…). « Actuellement, les médecins coordinateurs ont déjà ces notions de hiérarchisation des soins et de diminution du nombre de médicaments, mais sans recommandations adaptées, ils se heurtent à des difficultés. Par exemple, des prescriptions sont faites par d'autres professionnels sans qu'ils en aient connaissance », estime le Pr Rissane Ourabah.
La mise en place d'une ALD 33 pour une ordonnance coordonnée
Afin de favoriser une prescription concertée, les auteurs recommandent la création d'une ALD spécifique, l'ALD 33, dédiée aux « polypathologies majeures chroniques nécessitant des consultations complémentaires et répétées de plusieurs spécialistes ». Le médecin généraliste ou référent sera alors le garant d'une « ordonnance coordonnée », seule à être prise en charge par l'Assurance maladie.
« Ce rapport est désormais entre les mains des pouvoirs publics et des partenaires conventionnels, à eux maintenant de prendre les décisions », conclut le Pr Rissane Ourabah.
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