LE CABINET Deloitte, un des leaders mondiaux de l’audit, vient de rendre publique une étude sur les maisons de santé pluridisciplinaires. Ce cabinet est mandaté par l’agence régionale de santé (ARS) d’Auvergne pour étudier la faisabilité et la pertinence des projets de maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) qui lui sont soumis. « Elles ont le vent en poupe, tant mieux », écrit en préambule Cédric Étienne, senior manager chez Deloitte et auteur de l’étude.
Pour Deloitte, ces structures, « sans être l’arme absolue », (mais y en a-t-il une ?), apportent une réponse efficace à la lutte contre la désertification médicale, à l’amélioration des conditions de travail des professionnels de santé, et à l’amélioration de l’offre de soins. « Créer une MSP est un vrai projet entrepreneurial qui a besoin de professionnels de santé, de financement, et d’une forte dose de méthodologie », insiste Deloitte qui souligne que, sans cette méthodologie, le risque est grand de ne créer « que des cabinets de groupe sous un autre nom, ou des maisons désespérément vides de praticiens ».
Les professionnels de santé impliqués dans la création et le développement de ces structures ne disent pas autre chose, et les exemples de ces initiatives souvent sympathiques mais trop hâtivement menées et mal ficelées ne manquent malheureusement pas.
Parcours long et complexe.
Deloitte développe dans son étude quelques « règles simples et efficaces à respecter » pour mener à bien ce type de projet. Le choix du lieu d’implantation tout d’abord, se révèle « crucial » selon l’étude. L’implantation doit se faire « sur la base d’un diagnostic territorial ». Finies donc, les velléités de certains élus locaux qui font parfois des pieds et des mains pour obtenir l’implantation d’une MSP sur leur territoire, non sans quelques arrière-pensées électorales. Deloitte voit logiquement dans les ARS les structures clés pour coordonner les initiatives des élus et des professionnels de santé, afin de « définir les zones ou ces MSP auront une réelle valeur ajoutée ».
Une bonne coordination et entente entre les élus et les professionnels de santé est également un préalable indispensable. Deloitte rappelle que si ce sont les professionnels de santé qui choisissent de travailler ensemble et qui définissent le projet médical, « le rôle des élus est cependant essentiel pour initier le projet, s’assurer qu’il va dans le sens des besoins de la population, négocier les subventions, et souvent aussi pour prendre le risque financier initial ». Même s’il est vrai – et l’étude n’aborde pas ce point – que ce sont parfois les professionnels de santé eux-mêmes qui investissent avec leurs propres deniers et prennent ainsi les plus gros risques financiers.
Enfin, prévient l’étude, « créer une MSP est long et complexe », et n’a rien d’une promenade de santé. Deloitte rappelle aux professionnels candidats à l’aventure que cela nécessitera de leur part « une énergie peu commune », avec de très nombreuses réunions qui se tiennent nécessairement le soir ou le week-end. Deloitte calcule ainsi que 12 à 18 mois sont nécessaires avant de pouvoir donner le premier coup de pioche, et qu’il faut prévoir deux à trois ans entre le début de la réflexion et l’ouverture de la MSP. « Il vaut donc mieux commencer à travailler avant que le territoire soit en déficit de praticiens », conclut l’étude.
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