Fin 2018, l’Association Française d’Urologie a présenté un rapport sur la prise en charge de l’HBP*, corédigé par les Pr Alexandre de la Taille (CHU de Créteil), Aurélien Descazeaud (CHU de Limoges) et Grégoire Robert (CHU de Bordeaux).
« Le maître mot de ce rapport est de bien intégrer le patient avec tous ses symptômes, les causes de ses symptômes et son environnement, essentiellement marqué par les comorbidités, pour lui proposer des traitements plus spécifiques et plus dédiés », souligne le Pr de la Taille.
En priorité, médicaments et règles hygiénodiététiques. S’il ne faut pas perdre de vue que les difficultés à uriner peuvent être liées à d’autres pathologies que l’HBP (maladies neurologiques sous-jacentes, vieillissement ou tumeurs de la vessie, calculs vésicaux), en cas de symptômes modérés et peu gênants d’HBP, il faut dans un 1er temps proposer au patient des conseils hygiénodiététiques. Respecter certaines règles limite les signes urinaires de l’HBP, « notamment le fait d’aller uriner régulièrement, de ne pas attendre le dernier moment et de prendre son temps, de ne pas trop boire le soir, d’aller uriner avant de se coucher, etc. », indique le Pr de la Taille. L’hygiène de vie a, elle, une influence sur l’évolution de l’HBP : « un patient en surpoids, qui ne fait pas d’exercice, a beaucoup plus de risque de se faire opérer d’un adénome qu’un patient qui fait du sport, fait attention à ce qu’il mange et a un poids normal pour sa taille », indique le spécialiste.
Des traitements médicaux peuvent ensuite être proposés. En cas de nycturies ou de pollakiuries, par exemple, les alpha bloquants, extraits de plantes ou inhibiteur de la 5 alpha réductase peuvent soulager le patient, même s’ils ont parfois un effet négatif sur l’érection, l’éjaculation et la libido. « Dans ce cas, il peut lui être proposé, pour améliorer sa sexualité, des inhibiteurs de la phosphodiestérase 5 (IPDE5) par voie orale. Pris de façon continue, ils améliorent aussi les troubles urinaires », précise l’urologue.
Chirurgie « sur mesure »
Lorsqu’une intervention chirurgicale est nécessaire, l’urologue prend en compte le volume de la prostate, les comorbidités et la sexualité du patient. Autrefois l’objectif du traitement était la désobstruction, au prix d’une certaine morbidité. L’arrivée du laser a permis de réduire cette dernière ainsi que les durées d’hospitalisation, y compris chez des patients sous antiagrégants ou sous anticoagulant.
Les techniques plus classiques (résection ou chirurgie ouverte) sont préférées par certains chirurgiens et/ou pour des volumes prostatiques importants. Ces traitements en revanche impactent la sexualité (réduction ou perte de l’éjaculation). Pour certains patients, notamment les plus jeunes, l'absence d’éjaculation peut être un frein à l’intervention chirurgicale.
D’autres techniques comme la thermothérapie, les agrafes prostatiques, les résections partielles, ou l’embolisation des artères prostatiques permettent de conserver une sexualité plus complète sans perte de l’éjaculation. Mais les résultats fonctionnels ne sont pas connus et il est probable que le bénéfice soit transitoire : « ces techniques, en désobstruant de façon partielle la prostate, vont soulager le patient et lui permettre d’avoir une sexualité la plus complète possible, mais au prix d’un geste chirurgical qu’il faudra répéter dans quelques années car l’adénome va de nouveau grossir », précise l’urologue.
* Hyperplasie bénigne de la prostate : vers une prise en charge personnalisée ; rapport du 112ème congrès français d’urologie, novembre 2018
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