En Italie, en 2020, 2,8 % des naissances étaient issues d'une assistance médicale à la procréation (AMP) par fécondation in vitro (FIV), soit quelque 11 305 nouveau-nés, une proportion comparable à la France qui en totalise 2,9 % cette année-là. Selon le ministère de la Santé italien, la demande a augmenté de 64 % depuis 2019. Mais les structures publiques manquent, et dans le privé, les prix sont exorbitants, ce qui rend cette pratique inaccessible à de nombreux couples désireux d'avoir des enfants.
De plus en plus de couples confrontés à l’infertilité décident de se lancer dans l’aventure de l’AMP autorisée en Italie depuis 2004. Malgré une demande de plus en plus forte, le pays n’est pas préparé. En 2022, le ministère de la Santé a recensé 346 centres spécialisés en AMP à l’échelle nationale, dont 106 établissements publics, une vingtaine de privés et 220 en convention avec l’assurance-maladie. Les centres publics et conventionnés sont implantés pour la plupart dans le nord du pays, le sud de l’Italie en comptant très peu. En Campanie dans la région de Naples par exemple, seulement deux centres publics ont pignon sur rue. Quant aux prix, la péninsule est dans le flou.
Disparités régionales
En l’état actuel, l’assurance-maladie italienne ne garantit pas l’accès gratuit à l'AMP. L’an dernier, le ministère de la Santé a approuvé les tarifs proposés par le département pour la recherche et la formation dans le cadre de la prévention et des traitements contre l’infertilité. Mais cette grille de prix n’a pas encore été approuvée par la Conférence des régions qui gère la répartition des ressources allouées chaque année par l’État et les deux provinces autonomes de Trente et Bolzano (nord).
En attendant la promulgation d’un décret qui devrait uniformiser les tarifs à l’échelle nationale, chaque région organise les procédures et fixe les tarifs sur son propre territoire. Peu prennent l’acte en charge. Cette disparité oblige 27 % des couples avec des problèmes de fertilité à se déplacer d’une région à l’autre pour comparer les prix. « En Lombardie par exemple où l’acte est pris en charge, le coût du ticket modérateur pour un cycle d’insémination artificielle homologue (IAH) est de 36 euros contre 500 en Toscane, tandis qu’en Sicile où l’acte n’est pas pris en charge, le tarif tourne autour de 2 700 euros », a détaillé le Dr Antonino Guglielmino, président de la Société italienne de reproduction humaine dans un article publié sur le site « Univadis ».
Dans le privé, un cycle de FIV homologue sans diagnostic préimplantatoire et sans cryoconservation des gamètes coûte entre 3 000 et 7 000 euros. Le coût d’une cryoconservation de gamètes tourne autour de 300 à 2 000 euros mais il est parfois inclus dans le traitement. Les actes d’AMP pris en charge à 100 % par l’assurance-maladie sont limités à trois cycles. Le coût de l’acte avec un cycle spontané dans le service public est de 2 500 euros dans les régions qui ne prennent pas le traitement en charge. En cas de stimulation ovarienne, il est facturé 4 500 euros. Le prix du traitement avec don de gamètes est nettement plus élevé et oscille entre 3 500 et 6 000 euros.
Un manque d'ambition politique
Pour faire face à l’augmentation de la demande et combattre la dénatalité, l’Italie devrait investir dans les structures publiques et surtout aligner les tarifs en obligeant toutes les régions à prendre l’acte en charge. Mais les fonds manquent cruellement et la classe politique n’arrive pas à se mettre d’accord depuis l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite pour des raisons idéologiques.
« Les régions n’ont pas d’argent, les enveloppes débloquées par le gouvernement pour la santé en général sont insuffisantes. Dans ce contexte, l’AMP n’est pas considéré comme un acte prioritaire au niveau des investissements. À cela s’ajoute, le manque de courage de la classe politique qui ne sent pas concernée par le problème de l’infertilité des couples », résume le Pr Mario Antolini, gynécologue spécialisé en médecine de la procréation.
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