Faut-il continuer à poser des prothèses vaginales dans les cures de prolapsus génitaux ? « C’est un sujet d’actualité, surtout à l’international, répond le Pr Michel Cosson, du CHUR de Lille. De nombreuses femmes en Australie et aux États-Unis ont entamé des procès contre le fabricant d’une prothèse vaginale (retirée du marché français en 2013). En Écosse, les prothèses pour incontinence ou pour prolapsus ne sont plus utilisées. Plusieurs alertes ont aussi été lancées en Nouvelle-Zélande. Cependant, en France, il y a eu très peu de plaintes pour complications. On a l’impression que cela est lié à la formation et à l’expérience des chirurgiens. » Les études randomisées montrent en effet que le taux de complications est très variable d’un pays à l’autre, d’une équipe à l’autre, d’un chirurgien à l’autre…
Une diminution du risque de récidive
Les chirurgiens français ont la chance d’avoir été bien formés à la chirurgie vaginale. Par ailleurs, les indications des prothèses ont été plus raisonnables en France que dans les autres pays, notamment chez les femmes jeunes. « Le CNGOF recommande de prendre en considération le terrain, le volume du prolapsus ainsi que certains éléments anatomiques qui seraient responsables d’un risque d’échec plus élevé », précise le Pr Cosson.
Les patientes doivent être informées des différentes techniques (chirurgie abdominale ou vaginale, avec ou sans prothèse), des risques liés à l’utilisation d’une prothèse et des complications générales inhérentes à la chirurgie du prolapsus liées à la voie d’abord.
Il existe de nombreux arguments en faveur de l’utilisation d’une prothèse par voie basse au cours d’une cure de prolapsus, notamment une diminution significative du risque de récidive et un renforcement vaginal persistant dans le temps. Cependant, elle n’est pas justifiée de manière systématique. Elle sera proposée en première intention aux patientes pour lesquelles une intervention traditionnelle à toutes les chances d’échouer – et qui doivent impérativement bénéficier d’une information soigneuse et complète –, et plus volontiers en cas de récidive, surtout précoce, après l’échec d’une technique traditionnelle.
Des résultats supérieurs à ceux des techniques traditionnelles
« Il faut continuer à mettre des prothèses vaginales, car elles font partie intégrante du traitement du prolapsus, place confirmée par des résultats supérieurs à ceux de la chirurgie traditionnelle. Après une chirurgie non prothétique, les patientes sont réopérées dans 20 à 30 % des cas pour récidive de descente d’organes. La sécurité des prothèses vaginales est satisfaisante, sous réserve d’indications bien posées et d’une formation des chirurgiens », affirme le Pr Cosson.
La technique de pose a atteint sa maturité avec l’utilisation de matériels adaptés limitant les complications. Les risques sont des troubles de la cicatrisation et des douleurs, mais ils restent peu fréquents. Cependant, la surveillance à long terme doit se poursuivre au niveau national : une étude financée par l’ANSM suit les chiffres des complications dans un grand nombre de centres français.
Des études comparant les prothèses mises en place par voie vaginale ou par cœlioscopie sont par ailleurs en cours.
exergue : Continuons à poser des prothèses… à bon escient !
Entretien avec le Pr Michel Cosson, CHUR de Lille
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