« Le suicide est la première cause de décès maternel », a rappelé Nolwenn Regnault, responsable de l'unité Santé périnatale, petite enfance et santé mentale à Santé publique France (SPF), devant les généralistes présents au CMGF. Selon les données 2021 de l’enquête nationale périnatale, 16,7 % des 7 400 femmes interrogées souffrent d’une dépression du post-partum (une prévalence supérieure à celle du diabète gestationnel), 5,4 % ont des idées suicidaires et 3,5 % des femmes interrogées cumulent anxiété, dépression et idées suicidaires. On estime qu’une femme se suicide chaque mois en France au cours de la période périnatale ; 90 % de ces passages à l’acte pourraient être évités.
Or, 73 % des femmes qui déclarent avoir ressenti des difficultés psychologiques pendant leur grossesse n’ont pas eu recours aux soins en santé mentale. Selon une étude menée en 2019, 51 % des dépressions anténatales majeures n’ont fait l’objet d’aucune forme de suivi. « Il y a pourtant des temps d'échange qui doivent servir à faire ce repérage, tels que les entretiens prénataux précoces et postnataux, rappelle Nolwenn Regnault. Mais seulement 36,5 % des femmes réalisent ces entretiens pourtant obligatoires. »
Des facteurs de risque bien identifiés
« Les femmes ne sont pas écoutées quand elles se confient ! », affirme pour sa part le Dr Romain Dugravier, qui dirige le Centre de psychopathologie périnatale (Paris). Des facteurs de risque sont à connaître pour le repérage : l’âge (supérieur à 40 ans et inférieur à 29 ans), l’origine (Afrique du Nord), le manque de soutien des proches, ou encore l’accouchement par voie basse instrumentale et les antécédents familiaux.
« La dépression anténatale est encore très mal dépistée, ajoute le Dr Dugravier. Les équipes de première ligne sont peu formées, et il n’y a pas de stratégie de dépistage. Par ailleurs, les familles n’identifient pas les symptômes et n’osent pas en parler. Il y a une autocensure et une censure de l’entourage : il est socialement inadmissible de dire qu’on n’est pas heureux alors qu’on a tout pour l’être. »
Des symptômes doivent alerter : troubles du sommeil, peur que le bébé n’aille pas bien, sentiment d’incompétence. « La multiplication des consultations chez le pédiatre ou en PMI doit vous interroger, insiste le psychiatre. Les états dépressifs d’intensité modérée sont dominés par des symptômes d’allure névrotique : insomnie, fatigue, perte de libido, irritabilité, agressivité envers le père de l’enfant… ». Cet état est parfois révélé par un nourrisson qui dort mal ou prend peu de poids. La dépression sévère du post-partum se caractérise, elle, par les signes classiques de dépression (culpabilité, autoaccusation, anxiété majeure) avec craintes excessives par rapport à l’enfant, phobies d’impulsion, appauvrissement des contacts dans le soin, diminution des échanges avec l’enfant jusqu’au tableau de mélancolie délirante.
Boîte à outils
Le Collège de médecine générale publie sur son site une nouvelle fiche pratique sur la santé mentale périnatale.
Un Mooc pour les professionnels intervenant en périnatalité, mais ouvert au grand public, disponible sur le site pns-mooc.com.
L’Unicef propose un guide des pratiques parentales à observer par les professionnels (site nurturing-care.org).
Le site des 1 000 premiers jours propose des informations validées sur la santé mentale après la naissance.
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