L'un des leviers pour réduire la morbidité maternelle pourrait être, pour les femmes présentant des facteurs de risque, le recours à l'analgésie péridurale. Les chercheurs du département d'obstétrique de l'hôpital royal de Glasgow viennent de publier les résultats d'une étude montrant que le recours à la péridurale réduit les événements graves survenant pendant et après l'accouchement.
Leur étude, dont les résultats ont été publiés dans le BMJ, a été menée à partir des données de 567 216 naissances en Écosse, dont 22 % avaient eu lieu avec une péridurale. Cette technique d'analgésie était associée à une diminution de 35 % de la morbidité maternelle sévère. Ce critère était défini par le pourcentage de naissances pour lequel il y avait au moins un événement indésirable sur une liste de 21, survenant entre la date de l'accouchement et 42 jours après. Il pouvait s'agir de morbidité respiratoire (ventilation, trachéotomie, syndrome de détresse respiratoire aiguë ou syndrome respiratoire), d'une transfusion sanguine importante, d'une hystérectomie non planifiée, d'un sepsis ou encore de complications liées à l'anesthésie. Si l'on collige la morbidité maternelle sévère et le risque d'admission en soins intensifs, la réduction du risque atteint 54 %. Chez les femmes ayant des facteurs de risque prédéfinis (antécédent de césarienne, bébé en siège, grossesse gémellaire…), la morbidité maternelle sévère était réduite de 50 % en cas de recours à la péridurale, et de de 47 % chez les femmes ayant accouché prématurément.
Les femmes noires plus à risque de morbidité
L'étude fournit aussi un portrait plus précis que les précédents travaux menés sur le sujet des situations cliniques dans lesquelles se produisent des événements graves. Les auteurs constatent qu'un grand nombre surviennent chez des parturientes qui n’ont pas eu accès à une péridurale pourtant indiquée (un peu moins d'un quart des femmes éligibles en ont bien bénéficié), avec une surreprésentation des femmes noires chez qui la morbidité sévère maternelle est quatre fois plus élevée que chez les femmes blanches.
« De récentes études faites au Royaume-Uni montrent que ces femmes ont moins de chance de recevoir une péridurale que le reste de la population générale », indiquent les chercheurs. Les raisons de ces inégalités sont nombreuses et devraient faire l’objet de politiques de santé ambitieuses : meilleure information (de nombreuses patientes craignent des effets secondaires de l'analgésie sur le bébé à naître), recommandations de bonne pratique centrées sur les patientes… « Il est crucial de développer des stratégies qui assurent aux femmes de diverses origines des informations compréhensibles qui encouragent le recours à l'analgésie péridurale », affirment les auteurs.
Les hypothèses pour expliquer le lien entre péridurale et faible risque de complication sont diverses. Les auteurs citent notamment l'ensemble des soins qui accompagnent la péridurale, comme une surveillance médicale accrue, l’atténuation du stress, le non-recours à une anesthésie plus agressive. Ils évoquent aussi, en cas de césarienne, l’évitement du recours à une anesthésie rachidienne ou générale, ou encore la bascule plus efficace vers des interventions obstétricales quand elles s'avèrent nécessaires.
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