La ménopause est une étape très particulière dans la vie d’une femme, moment d’extrême fragilité où la relation aux enfants, parents, sexe opposé est en pleine mouvance. C’est le temps des changements professionnels voire de la retraite, du départ des enfants, de leur père, et des modifications corporelles accompagnant l’arrêt des règles. Cette période de crise s’accompagne d’un sentiment de danger, d’urgence à utiliser le temps qui reste : « c’est le moment ou jamais ». Chaque femme y réagira différemment en fonction de sa structure mentale et de son vécu pour lutter dans une société qui, même si elle s’en défend, supporte encore mal la maturité et la vieillesse, synonymes, toujours, de chute de performance voire de déchéance. C’est dans ce contexte que devrait s’insérer une consultation spécifique de la ménopause, propice à l’instauration d’un dialogue, notamment sur la santé sexuelle.
Le médecin est là pour rassurer, dédramatiser, expliquer la physiologie des phénomènes hormonaux et de vieillissement. Si la sexualité à la ménopause est bien sûr influencée par des facteurs biologiques hormonaux elle l’est aussi, et surtout, par des facteurs psychologiques, sociaux, économiques, politiques, culturels, éthiques, juridiques, historiques, religieux et spirituels. L’existence d’une vie sexuelle active et satisfaisante antérieure conditionne sa persistance au-delà de la ménopause : il est donc nécessaire de se pencher sur ses éventuelles dysfonctions antérieures (ainsi que sur celles éventuelles du partenaire). Enfin, pour désirer, il faut se sentir bien dans son corps, dans sa vie, dans sa tête, en un mot désirable !
Rechercher et corriger le syndrome génito-urinaire
Les solutions thérapeutiques, bien que nombreuses, sont malheureusement insuffisamment prescrites. Au sein de la symptomatologie climatérique, le syndrome génito-urinaire de la ménopause (SGM) regroupe atrophie vulvovaginale, sécheresse, diminution de l’excitation, des capacités orgasmiques, voire douleurs à la pénétration, conduisant à une diminution de l’activité sexuelle.
Le THM a incontestablement sa place, quand il est possible et accepté, dans la prise en charge du climatère associant symptomatologie vasomotrice et SGM. L’administration d’estrogènes améliore la fréquence des rapports sexuels, le degré de satisfaction, la lubrification vaginale, et réduit la dyspareunie, même si l’on doit tenir compte, dans l’interprétation des études, des différences psychosociologiques entre les utilisatrices ou non. Quoi qu’il en soit, de nombreuses études cliniques ont montré que l’œstrogénothérapie restaure un certain bien-être et une meilleure disponibilité psychologique et physique vis-à-vis de la sexualité. Les œstrogènes ont, en effet, un rôle fondamental sur le cerveau, la qualité de vie grâce à l’amélioration des bouffées vasomotrices et sur les récepteurs spécifiques notamment génito-urinaires (amélioration de la trophicité, de la sensibilité et de la vascularisation clitoridienne, vaginale, avec partant une meilleure lubrification).
Lorsqu’il ne s’agit de ne traiter que l’atrophie vaginale, la sécheresse (SGM), le traitement local est à privilégier : de nombreuses options thérapeutiques existent, qu’il s’agisse de gels, d’ovules, de crèmes, d’anneaux à base d’estradiol, d’estriol, de promestriène et de DHEA associés ou non à des hydratants, lubrifiants (acide hyaluronique, polycarbophile). Elles ne nécessitent pas d’adjonction de progestatif et peuvent être utilisées autant que nécessaire.
Quant à l’androgénothérapie (testostérone), sa seule indication en est le trouble et dysfonction du désir sexuel hypoactif (TDSH), sachant qu’aucun produit destiné aux femmes n’est actuellement approuvé par une agence réglementaire nationale.
Exergue : Les médecins doivent considérer que l’évaluation de la santé sexuelle des patientes et de leurs besoins fait partie intégrante des soins à offrir
Pour le groupe d’étude de la ménopause et du vieillissement hormonal (Gemvi)
www.gemvi.org
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