Prévenir les complications lors des chirurgies thyroïdiennes grâce à une nouvelle technique d’échographie : tel est l’espoir qui guide le projet Vocalise, porté par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris et l’Institut Curie, en lien avec le fournisseur de dispositifs médicaux Mindray.
Après une chirurgie touchant à la région cervicale (après un cancer, ou une opération de la thyroïde), jusqu’à 5 % des patients développeraient une paralysie des cordes vocales, estime-t-on. Les complications peuvent aussi entraîner des troubles de la voix, une dysphonie, des troubles de la déglutition ou une dyspnée. Aussi, chirurgiens et ORL visualisent-ils le larynx pour détecter ces complications via la nasofibroscopie. Mais cette procédure invasive qui consiste en l’insertion d’un endoscope par le nez du patient peut nécessiter une anesthésie générale. Pire, la lourdeur de la nasofibroscopie, associée au manque de spécialistes, décourage les contrôles systématiques, avec un risque pour le patient de délai dans la prise en charge des complications.
Perfectionnement de l’échographie translaryngée dynamique
Grâce à une subvention de 500 000 euros de l’Agence nationale de la recherche (ANR), l’étude Vocalise, auprès de 500 patients, doit évaluer la pertinence de l’échographie translaryngée dynamique pour aider les praticiens à visualiser le larynx après la chirurgie. « Cette technique existe depuis plusieurs années, mais elle s'est avérée jusqu'à présent insuffisamment précise pour de nombreux patients, en particulier pour les hommes, où leur saillie laryngée, ou pomme d'Adam, peut obscurcir l'image, empêchant le diagnostic », lit-on dans un communiqué.
Grâce aux nouveaux échographes et sondes fournis par Mindray, « nous voulons optimiser cet examen pour les patients, (…) et surtout pour les hommes. Notre objectif est de détecter rapidement s'il y a un problème, afin de soutenir un diagnostic et de proposer un suivi et une rééducation efficaces pour les patients », explique Frédérique Frouin, chercheuse Inserm au Laboratoire d'Imagerie translationnelle en oncologie au sein de l'Institut Curie.
Les nouveaux dispositifs, simples d’utilisation au chevet du patient, avant sa sortie de l’hôpital, mesureront le mouvement et les vibrations de cordes vocales, et devraient permettre une meilleure compréhension des vibrations de la glotte. Ils s’appuieront aussi sur des enregistrements vocaux et des méthodes d’intelligence artificielle. « Notre projet pourra avoir un fort impact pour toute personne subissant une chirurgie cervicale, mais aussi pour les patients traités par radiothérapie dans la région laryngée », précise la chercheuse.
Le Pr Christophe Trésallet, chef du service de chirurgie digestive, bariatrique et endocrinienne à l’hôpital Avicenne (AP-HP) conclut : « La qualité de vie est une partie importante de notre travail. La paralysie des cordes vocales reste un risque important pour les patients subissant une chirurgie du cou, mais si nous pouvons la détecter et la traiter plus tôt, alors leur prise en charge sera améliorée. »
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