La Société française de radiologie et d'imagerie médicale (SFR) appelle à une utilisation raisonnée de l'intelligence artificielle (IA) appliquée au domaine de la santé. Dans un communiqué, elle partage son expérience et son expertise sur le sujet, « dans un moment de progrès scientifique et technique où l'IA est mise en avant et génère de nombreuses interrogations ».
La SFR estime que « le radiologue doit s’assurer et veiller à ce que ces technologies innovantes répondent aux questions éthiques, en respectant les règles fondamentales qui régissent le soin et la relation humaine entre la personne et son praticien », tout en rappelant que les radiologues ont souvent été précurseurs dans la révolution du numérique en médecine.
La SFR insiste sur le fait que l'IA doit être un outil d’aide au praticien et non de substitution, qui peut avoir un intérêt dans le dépistage, l’aide au suivi et à la caractérisation de lésions. « Il s’agit d’un outil qui pourra, sous son contrôle, le décharger de certaines tâches, détaille-t-elle. Seul le radiologue produit, in fine, le compte rendu dans lequel il engage sa valeur ajoutée, sa responsabilité médicale et son humanité, pour assurer la meilleure "prise en soin de la personne". »
L'association Drim France IA pour accompagner les radiologues
Si la société savante vante la puissance de calcul de l'IA et sa capacité à répondre à des questions de manière précise et rapide, elle en souligne aussi les limites. Chacune des techniques d'IA doit ainsi être analysée selon le domaine de spécialité. L'association Drim France IA, un projet fédérateur de la radiologie française associant la radiologie académique, hospitalière et libérale, a été créée en ce sens afin d'accompagner l'IA en radiologie.
Elle propose notamment aux radiologues une analyse des solutions d'IA pour le dépistage des fractures et pour la mammographie. « Cette démarche va être progressivement étendue à l’ensemble des solutions d’IA disponibles sur le marché français, avance la SFR. Il s’agit de définir la "juste place" des solutions d’IA en évolution, dans la "bonne prise en soins" des patients. »
Une valeur éthique irremplaçable
La SFR rappelle aussi l'importance de la « garantie humaine de l’IA », qu'elle considère comme « une valeur éthique irremplaçable ». Cette notion « renvoie à la nécessité de ne pas abandonner l’autonomie d’action ou de décision humaine, dans un contexte de diffusion de plus en plus rapide de l’IA en santé », détaille la société.
La SFR rappelle que ce principe est inscrit dans les recommandations d’usage portées par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) sur l’IA, dans ses avis 129 et 141. « Il est rendu juridiquement opposable par l’article 17 de la loi de bioéthique d’août 2021 », précise-t-elle. De plus, ce principe sera applicable juridiquement au niveau européen dès 2025 dans le cadre du règlement européen sur l’IA (AI Act).
« Les acteurs de la radiologie française doivent continuer à porter ce principe et à le décliner sous forme de modèles opérationnels. Comme l’est le dispositif du Collège de garantie humaine qui associe les représentants des professionnels et des patients, note la SFR. Cette démarche permet d’apporter la réflexion humaine à l’IA, dès sa conception et dans l’application en "vie réelle". »
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