Par rapport à la radiographie du thorax, l’échographie pulmonaire a prouvé sa supériorité pour le diagnostic positif d’épanchements pleuraux et de pathologies du parenchyme (syndrome interstitiel, atélectasies, consolidation alvéolaire). « Elle s’utilise de plus en plus quadrant par quadrant comme un scanner pour étudier le poumon et son évolution, rechercher des pneumonies et même pour adapter au mieux la ventilation, note le Dr Laurent Zieleskiewicz. La diminution des radiographies et scanners ainsi réalisée pourrait permettre de rentabiliser l’achat d’un échographe en un an selon une étude réalisée dans notre service ». La Société de chirurgie thoracique de langue anglaise recommande l’utilisation de l’échographie pulmonaire à visée thérapeutique avant de drainer les épanchements liquidiens thoraciques (grade B). « La radiographie comporte des pièges, des praticiens très expérimentés ont déjà drainé des atélectasies (aspect radiologique proche de celui d’un épanchement). L’échorepérage assure le diagnostic : on met une croix à l’endroit où l’épanchement est le plus important pour être sûr d’avoir la marge de sécurité nécessaire au drainage. On ne draine pas forcément sous échographie : l’échoguidage, très compliqué, est peu réalisé en pratique. En maternité, où elle est facilement disponible, nous avons démontré dans plusieurs travaux son intérêt dans la prise en charge des pré-éclampsies sévères. La présence d’un artéfact échographique (queues de comètes échographiques), permet de suivre en temps réel la quantité d’eau présente dans les poumons de ces parturientes à risque d’œdème aigu du poumon », indique le Dr Zieleskiewicz.
Associer ETT et échopulmonaire, une nouveauté
L’intérêt de l’ETT est à la fois diagnostique (étiologies des états de choc) et thérapeutique (adapter et surveiller les traitements : catécholamines, expansion volémique, diurétiques…). Cependant, précise le Dr Zielesliewicz, « des études montrent qu’il est plus performant de réaliser conjointement ETT et écho pulmonaire que de les utiliser séparément, notamment pour le diagnostic des détresses respiratoires aiguës car l’association permet de rechercher à la fois des causes cardiaques et pulmonaires. C’est quasiment la référence dans cette pathologie ».
Comment se former ou participer à des études multicentriques ?
Le Dr Zieleskiewicz recommande « l’excellent site de formation sur l’écho thoracique de Michel Muller et Serge Duperret : www.echorea.org. Ensuite, le compagnonnage : pour l’écho pulmonaire, 20 à 30 examens suffisent. À Marseille, nous avons un centre de formation (théorique et très pratique) sur l’échographie cardiaque, cérébrale et abdominale (le seul actuellement validé par le Collège français des anesthésistes réanimateurs) : stages pratiques de 3 jours, tous les 2 mois par groupes de 5 (Laurent.zielieskiewicz@ap-hm.fr). Cependant, pour maîtriser l’échographie cardiaque, le DIU des techniques ultra-sonographiques en anesthésie-réanimation (TUSAR) est indispensable (200 échographies chapeautées par un senior). Et, pour participer à des études multicentriques, le Club anesthésistes réanimateurs échographistes (CARÉcho) qui intervient aussi à chaque congrès de la SFAR (nouveautés, formation continue…) peut être contacté à l’adresse suivante : echosdays@gmail.com ».
D’après un entretien avec le Dr Laurent Zieleskiewicz, Hôpital Nord, Marseille
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