Un traitement par l’anticorps monoclonal solanézumab ralentit la perte des capacités cognitives chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer, quand il est administré précocement dans le cours de la maladie, d’après des résultats présentés mercredi à la conférence internationale de l’Alzheimer’s Association (AAIC), qui s’est déroulé cette semaine à Washington.
Ces données suscitent une lueur d’espoir « dans un domaine où il y a eu tant de déceptions », explique le Dr Catherine Thomas-Antérion, responsable de l’unité de neuropsychiatrie au CHU de Saint-Étienne, qui n’a pas participé à l’étude. « Le médicament agit sur une des causes directe de la maladie – la protéine amyloïde. C’est le premier médicament à modifier l’évolution de la maladie. »
Premiers résultats décevants
En 2012, les résultats de deux essais pivots évaluant l’anticorps chez des patients atteints d’Alzheimer n’avaient pas été probants. « Ça avait été une grosse déception, souligne le Dr Thomas-Antérion. Au point où l’on s’est demandé : peut-être que la voie amyloïde n’est pas celle qu’il faut attaquer dans la maladie ? »
Mais une sous-analyse incluant uniquement les patients aux stades légers a ensuite montré que le solanézumab permettait un ralentissement marqué de 34 % du déclin cognitif, et de 18 % de leur perte de capacités à exécuter leurs tâches quotidiennes.
Le laboratoire fabricant (Lilly) a proposé aux patients sous placebo de débuter un traitement par solanézumab (n = 663) et à ceux déjà sous traitement de le poursuivre (n = 659). Dans cette extension de l’étude, les participants ont été suivis deux années supplémentaires.
La thèse de l’initiation de traitement retardée
Selon les auteurs, cette « initiation retardée » du traitement permet d’évaluer si la molécule agit véritablement sur le cours de la maladie. Si c’est le cas, les patients ayant commencé le traitement plus tardivement n’arriveraient pas à « rattraper » les patients ayant débuté le traitement précocement.
Les résultats présentés mercredi, également publiés dans la revue « Alzheimer’s and Dementia : Translational Research and Clinical Interventions », confirment les attentes des chercheurs. Jusqu’à deux ans de suivi, la différence entre les deux groupes est restée significative, même si elle allait en se réduisant. « Les patients qui ont commencé le traitement en différé ont également montré un effet positif, mais ils ne rattrapaient pas le niveau de performance de ceux qui ont commencé le traitement avant eux. Ça veut dire que plus on commence tôt, plus on est efficace », décrit le Dr Thomas-Antérion.
Un effet qui s’estompe après deux ans
Après deux ans, la différence entre les deux groupes n’était plus significative. « Mais c’est déjà exceptionnel de montrer que vous avez un effet en début de maladie qui se maintient jusqu’à 2 ans, remarque la praticienne. Certes ce n’est pas un traitement qui va guérir, mais on n’attendait pas ça. C’est un traitement qui peut possiblement infléchir l’évolution du déclin cognitif, si les patients le prennent tôt. Ils gagneront peut-être en qualité de vie ou en délais d’institutionnalisation. »
L’impact se situe également au niveau économique. « Si vous gagnez même 6 mois en qualité de survie, c’est énorme au niveau médicoéconomique. Dans ce cadre, ça vaut le coup de rembourser une molécule chère parce que ça a un impact important. ».
L’impact potentiel du solanézumab est évalué selon la même méthodologie d’administration retardée dans l’essai EXPEDITION 3, chez plus de 2 000 patients avec une maladie d’Alzheimer au stade léger. La molécule est également en cours d’évaluation chez des patients à des stades encore plus précoces de la maladie, appartenant à des familles de maladie d’Alzheimer génétique, dans l’essai DIAN, mené en France et à l’international.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024