Un premier vaccin prophylactique contre la tuberculose basé sur une souche vivante atténuée de la bactérie Mycobacterium tuberculosis a été testé pour la première fois chez l’homme, et apparaît tout aussi inoffensif et au moins aussi immunogénique que le BCG, d’après les résultats publiés cette semaine dans le « Lancet Respiratory Medicine ».
Des volontaires non préalablement vaccinés
Les auteurs ont évalué la sécurité de différentes doses de ce vaccin, le MTBVAC, comparé au BCG, dans un essai randomisé en double aveugle portant sur 36 volontaires sains, âgés entre 18 et 45 ans, n’ayant jamais reçu de vaccination contre la tuberculose. « En Suisse, on n’utilise plus le BCG depuis les années 80, comme dans de nombreux pays européens », explique le Pr François Spertini, du CHU vaudois, à Lausanne, en Suisse, premier auteur de l’étude.
Les résultats montrent que le vaccin MTBVAC n’était « pas plus agressif » que le BCG, quelle que soit la dose utilisée. « On a eu quelques petites manifestations banales en lien avec le vaccin, comme des écoulements locaux, comme ce qu’on voit avec le BCG, mais pas de tuberculose, pas de complications pulmonaires ou de complications au niveau immunitaire, ni de dissémination dans l’environnement », décrit le Pr Spertini.
Les patients vaccinés par le MTBVAC présentaient aussi une bonne réponse immunitaire. « On a testé la réponse du système immunitaire contre la bactérie entière vivante, qu’on a mise en présence des globules blancs du patient pour voir comment ils réagissaient. Nous avons eu des réponses au moins aussi bonnes qu’avec le BCG, la plupart du temps meilleure mais, comme on a peu de patients, on ne peut pas émettre de conclusion qui soit statistiquement valable. »
Une étude de phase Ib vient de commencer, en Afrique du Sud, pour tester les différentes doses du vaccin, chez des nouveau-nés.
« Un événement majeur dans la recherche d’un vaccin »
Les auteurs d’un éditorial accompagnant l’étude, jugent qu’il s’agit d’un événement majeur dans la recherche pour un nouveau vaccin contre la tuberculose.
En effet, rapporte le Pr Spertini, alors que la tuberculose est une maladie qui fait son retour dans les pays occidentaux, le BCG apparaît de moins en moins efficace, surtout chez les adolescents et les adultes. « Il est totalement inefficace dans certains pays, comme en Inde, explique le Pr Spertini. Je pense que le BCG marchait bien au début, puis ce qui a dû se passer, c’est que la souche du vaccin a dû être distribuée un peu partout dans le monde, avec des techniques microbiologiques imparfaites – à cette époque, on ne savait pas comment on maintenait une souche qualitativement à long terme – et je pense qu’une partie des bonnes compétences et de l’arsenal antigénique du BCG a dû se perdre, et puis il y a aussi les réactions qui ont lieu avec des mycobactéries de l’environnement, qui jouent un rôle compétitif avec le vaccin », explique-t-il.
Deux gènes modifiés
Face à cette baisse de performance, de nombreuses équipes se sont lancées dans la recherche de solutions alternatives. Deux grandes voies existent actuellement, décrit-il : la voie de l’organisme vivant atténué, et une autre technique qui consiste à renforcer le BCG avec des « vaccins subunitaires ». « Mais pour l’instant, cette approche a été un échec total. Personnellement, je crois plus à la voie reposant sur un organisme atténué, qui amène tous les antigènes disponibles. »
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